Toxicité cutanée de l’hydroxyurée : un cas regroupant tous les effets cutanés graves

2021 
Introduction L’hydroxyuree(HU) est un antimetabolite principalement utilise dans les syndromes myeloproliferatifs. Bien que generalement sur, ses effets indesirables cutanes sont multiples et de gravite variable. Nous rapportons la survenue, chez un patient sous HU au long cours, de nombreuses lesions dont des carcinomes epidermoide. Materiel et methodes Un patient de 58 ans suivi pour une thrombocytemie essentielle sous HU a la dose de 2 g/j depuis 2001, nous a ete adresse pour deux ulcerations chroniques sur cicatrices de carcinomes epidermoides. A l’examen on notait : des keratoses actiniques(KA) du visage et du cuir chevelu, quatre lesions ulcero-bourgeonnantes de la tempe droite et de la main gauche, qui etaient des carcinomes epidermoides bien differencies ; un ulcere sus-malleolaire correspondant a un bourgeon charnu inflammatoire. On notait egalement un erytheme poikilodermique du dos des mains associe a de pseudo papules de Gottron. Une xerose, une keratodermie plantaire ainsi qu’une melanonychie en bande de l’hallux etaient egalement notes. Un bilan d’extension a trouve une atteinte osseuse de la main. Le patient a eu une exerese des carcinomes avec amputation de la main, de la cryotherapie pour les KA, et des emollients et photoprotecteur externe sur le reste du tegument. L’HU a ete remplace par la mercaptopurine entrainant une bonne evolution avec une resolution quasi-complete sans recidive des lesions en six mois. Son hemopathie etait stable. Discussion L’HU est un Inhibiteur specifique de la synthese de l’ADN qui agit surtout sur les tissus a renouvellement rapide expliquant son action myelosuppressive et les effets secondaires. Les alterations dermatologiques sont frequentes, dose et duree dependants, survenant en general dans la sixieme decennie apres un delai moyen de 60–75 mois. La dose journaliere moyenne est de 1 g/j et la dose totale cumulee moyenne est de 1500 g. Le cas de notre patient rejoint les donnees de la litterature puisque les signes ont debute apres 60 mois d’HU a la dose de 2 g/j soit une dose cumulee de 3600 g. Notre patient regroupe a la fois la complication la plus commune de l’HU qui est l’Ulcere de jambe necessitant une surveillance vue son risque de transformation, et la manifestation la plus caracteristique d’une prise chronique de l’HU a savoir la pseudo-dermatomyosite. Cette derniere est quasi-pathognomonique et associe une eruption poikilodermique du dos des mains, des pseudo-papules de Gottron du dos des mains et des articulations IP et MP sans myosite. Les complications les plus graves sont les carcinomes cutanes et leurs precurseurs avec risque de metastases et de deces. La plupart des effets cutanes disparaissent spontanement cependant les plus graves d’entre eux necessitent l’arret du traitement. L’incidence elevee des effets secondaires cutanes de l’HU impose un suivi dermatologique regulier.
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