Pour en finir avec l’Amour courtois

2019 
De quoi l’Amour courtois est‑il le nom ? L’imaginaire collectif a depuis longtemps adopte la vision sublime et raffinee qu’en proposait Gaston Paris, l’inventeur de l’expression au 19e siecle. Pour l’illustre medieviste, l’amour courtois se definissait comme une passion « illegitime » dans laquelle « l’amant est toujours devant la femme dans une position inferieure » et doit accomplir « toutes les prouesses imaginables » « pour etre digne de la tendresse qu’il souhaite1 ». Cette definition a peu ou prou evolue aupres du grand public, et on ne s’etonnera pas de retrouver dans les manuels scolaires de l’enseignement secondaire une presentation de « l’ideal amoureux » ainsi formulee : « La fin’amor (“amour parfait” ou “amour courtois”) place l’homme en position d’inferiorite par rapport a sa dame. Celle‑ci n’est plus une proie a conquerir mais le “suzerain” du poete‑chevalier, qui joue le role de “vassal” et doit prouver son amour pour obtenir les faveurs de la dame2 ». Sans etre tout a fait fausse, cette vision de l’amour courtois peut paraitre reductrice, puisqu’elle ne peut s’appliquer qu’a quelques textes medievaux (et notamment au Chevalier de la Charette). C’est pourquoi, en 1989, Rudiger Schnell proposait d’elargir le concept a l’ensemble des « discussions courtoises sur l’amour3 », definition extensive qui prend alors le risque de diluer l’amour courtois dans un ensemble heterogene de textes. Le court mais dense ouvrage d’Alain Corbellari, Prismes de l’Amour courtois, qu
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []