La petite roquette au temps des trente glorieuses, de saint-lazare a fleury-merogis. Delinquance feminine et traitement penitentiaire en france de 1945 aux annees 1970.

1999 
La liberation ouvre une periode particuliere pour les femmes francaises, par la reconnaissance de l'egalite politique en 1944. Conjointement, souffle sur les prisons un vent d'humanisme porte par les prisonniers de guerre et par les partis politiques au pouvoir, notamment la nouvelle generation democrate-chretienne. Les effets de ces evolutions ne sont pas visibles immediatement dans les prisons de femmes, surpeuplees jusqu'a la fin des annees 1940, plus par le grand nombre de detentions pour des delits de droit commun (trafic, avortement, racolage) que par les detentions politiques. Des lors, la reforme annoncee en 1945 par paul amor, directeur de l'administration penitentiaire, se met en place lentement. Les facteurs de changement dans les prisons de femmes sont d'ordre externe (reportages ecrits, puis televisuels; mouvements feministes; oeuvres theoriques et litteraires de s. De beauvoir et d'a. Sarrazin) et interne (portee par les reformateurs de 1945, mais surtout par des femmes appartenant a l'administration penitentiaire). L'ensemble de ces critiques rejoint la poursuite de la reforme penitentiaire (code de procedure penale; 195 8). Meme si l'objectif securitaire poursuivi par les gouvernements a partir de cette meme date met au second plan les prisonnieres,l'assouplissement des moeurs et des pratiques judiciaires face aux delits comme l'avortement et le systeme de prestations familiales modifient la population penitentiaire feminine: en nombre et en structure (delits familiaux s'effacant au profit de delits plus economiques). S'y ajoute une amelioration de la vie quotidienne: fleury-merogis, qui se substitue a la petite-roquette en 1973, doit symboliser ces changements. Pourtant, derriere cette relative adaptation judiciaire et penitentiaire a l'evolution du feminin persistent des carences: une gestion des lieux de detention pour les femmes soumise aux besoins de l'emprisonnement des hommes; une formation et un travail feminins encore concus comme secondaires; une reinsertion fondee a la liberation sur des bases privees, ou l'etat n'intervient que sur le plan de la reglementation et des subventions, ce qui limite les capacites et reduit l'accueil post-penal a un modele tres souvent confessionnel, qu'une partie des liberees de prison rejette, renoncant du meme coup a se reclasser.
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