L'ennui dans quelques romans de Julien Green : du « violent dégoût de tout » à « l’effroi d’être au monde »

2015 
Cette these porte sur l’ennui dans cinq romans de Julien Green (Mont-Cinere, Adrienne Mesurat, Minuit, Le Malfaiteur, Le Mauvais Lieu). L’enjeu est d’etudier la representation de l’ennui dans des romans qui y consacrent tous une place differente. Dans une premiere partie, l’analyse du decor de l’ennui greenien, que ce soit l’espace exterieur ou l’espace interieur, a permis de mettre en evidence l’alienation interieure des personnages greeniens qui reflete leur incapacite a vivre. L’etude du milieu dans lequel baignent les personnages permet en effet de se faire une idee de l’ampleur de l’ennui. La ville devient alors la toile sur laquelle se projettent leur ennui et leurs maux tandis que la liberte dont ils croient avoir pleine possession n’est qu’une illusion. Symbole de cet emprisonnement, la maison est la metaphore d’une impossibilite d’evasion hors de soi. La maison est un huis clos ou se cumulent puis se dechainent les passions. Les etres greeniens sont face a une immutabilite qui ne peut que les mettre devant leur impuissance a sortir de cet ennui. Le constat est amer : il n’existe aucune possibilite de distraction, les hommes sont condamnes a s’ennuyer. Dans la deuxieme partie, les consequences de l’ennui sur les personnages ont ete mises en evidence. Alors que tous les protagonistes sont prematurement vieillis par cette vie d’ennui, ils tentent desesperement de s’ancrer dans un reel fuyant par des habitudes ridicules et des occupations sans interet, a part celui de combler coute que coute le neant qui les engloutit. La haine d’autrui apparait et deteint sur leur famille : impossible d’aimer et d’etre aime, il s’agit desormais de se sentir exister en opprimant et reduisant a neant autrui. La troisieme partie de la these est l’occasion de s’arreter sur les consequences averees de l’ennui. Un dechainement de violence est la consequence logique d’un mal qui puise son origine dans la haine. Si les personnages se refugient un instant dans le monde de la reverie pour fuir un reel etouffant, cette reverie les eloigne progressivement du reel et leur fait perdre toute attache a la realite. C’est en creant leur monde qu’ils se soulagent de leurs maux, de leur inadaptation sociale et de la violence qui couve en eux. Ces folie et violence debouchent directement dans le meurtre comme solution pour se debarrasser d’autrui, cause de l’ennui. Mais le meurtre n’est jamais deliberement voulu et la mort apparait comme l’unique solution : le personnage se tue parce que – comme Baudelaire ecrivait dans sa Correspondance generale – « la fatigue de [s]’endormir et la fatigue de [se] reveiller [lui] sont insupportables »
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