Pollution atmosphérique et reproduction humaine.

2017 
Une fraction importante de la population est exposee a la pollution atmospherique ; ses effets sur la mortalite et la morbidite cardiovasculaire et respiratoire sont connus, et un effet de l'exposition au cours de la grossesse sur le poids de naissance et la croissance fœtale est probable ; un effet sur le risque de naissance prematuree a aussi ete suggere par de nombreuses etudes, essentiellement en Amerique. En revanche, la capacite des couples a concevoir -fertilite- et les parametres de la fertilite feminine ont ete tres peu etudies en lien avec cette exposition.L’objectif de ce doctorat etait de documenter un effet eventuel de la pollution atmospherique sur la fonction de reproduction humaine et tout particulierement sur les caracteristiques du cycle menstruel, la probabilite de survenue d’une grossesse (fertilite) et le risque de naissance prematuree.Nous nous sommes appuyes sur une cohorte de couples n’utilisant pas de methode contraceptive (l’Observatoire de la fertilite en France) et sur treize cohortes de naissances europeennes participant au projet ESCAPE (European Study of Cohorts for Air Pollution Effects).Nous avons observe un allongement de la duree de la phase folliculaire du cycle menstruel (periode du cycle entre le debut des regles et l’ovulation) avec l’exposition de la femme aux particules en suspension dans l’atmosphere (n=158, β=1,6 jour pour une augmentation de la concentration des particules de diametre aerodynamique inferieur a 10 µm -PM10- de 10 µg/m3 dans le mois precedant le cycle, intervalle de confiance, IC a 95%, 0,3; 2,9). En utilisant deux designs d’etude en parallele sur la meme population, l’approche des durees en cours et l’approche de cohorte prevalente, nous avons mis en evidence une tendance a une diminution de la probabilite de grossesse en association avec l’exposition a la pollution atmospherique pour la premiere approche (cohorte prevalente : n=468, risque relatif de grossesse, HR : 0,69 pour une augmentation des PM10 de 10 µg/m3 dans les 70 jours precedant l’inclusion, IC a 95%, 0,43;1,12) ; la tendance etait similaire avec l’approche des durees en cours (n=516, duree mediane sans contraception multipliee par 1,29 pour une augmentation des PM10 de 10 µg/m3 dans les 70 jours precedant l’arret de la contraception, IC a 95%, 0,97;1,70).Le risque de naissance prematuree, analyse avec un modele de survie en prenant en compte l’exposition comme une variable dependant du temps, n’etait pas associe a divers polluants atmospheriques dans les cohortes du projet ESCAPE (n=46 791, OR=0,97 pour une augmentation du niveau moyen de PM10 de 10 µg/m3 pendant la grossesse, IC a 95%, 0,87 ;1,07). Nous avons par ailleurs mis en evidence une augmentation du risque de naissance prematuree avec la pression atmospherique pendant le premier trimestre de grossesse et avec la temperature moyenne pendant le premier trimestre, au moins dans l’intervalle entre -5°C et 10°C. Nous avons montre qu’une partie de la litterature en faveur d’une association entre particules fines et risque de naissance prematuree pourrait etre sujette a un biais cause par des durees de fenetres d’exposition differentes entre les enfants nes avant terme et ceux nes a terme.Dans l’ensemble, ce travail confirme la necessite d’utiliser un modele de survie avec variables dependant du temps pour etudier le risque de naissance prematurite et appelle a poursuivre les recherches concernant des effets possibles des polluants atmospheriques sur le cycle menstruel et la fertilite, pour lesquels nos travaux font partie des premiers realises en population generale.
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