Suspicion d’empoisonnement d’une adolescente par une eau de boisson : intérêt de l’expertise toxicologique

2020 
Objectif Repondre a une suspicion d’empoisonnement chez une adolescente suite a la consommation d’un liquide apporte par l’entourage familial a l’hopital. Description Une adolescente de 13 ans est hospitalisee depuis trois semaines dans un service de chirurgie orthopedique pour fractures des membres superieurs consecutives a une defenestration. Lors d’une visite, sa mere l’oblige a consommer le contenu d’une bouteille d’eau qu’elle vient d’apporter. Apres son depart, l’equipe medicale constate un changement d’attitude de la jeune fille, qui devient somnolente, moins presente, ne s’exprime plus et pousse des gemissements repetitifs. Dans ce contexte, le Centre Anti Poison de Paris conseille la saisie de la bouteille incriminee et la realisation immediate de prelevements sanguin et urinaire. Les prelevements et un echantillon de liquide sont transmis au laboratoire pour suspicion d’empoisonnement avec comme seule indication le traitement de l’enfant a l’hopital par Atarax™, Doliprane™, Bactrim™, Rifadine™ et Symbicort™. Methodes Le bilan toxicologique est realise en secteur d’urgence par des depistages/dosages sur les urines et le serum par methodes immunochimiques et enzymatiques (Alinity™, Abbott). Il est complete par un screening sur le serum en chromatographie liquide couplee a une double detection par barrette de diode et spectrometrie de masse (LC-DAD/MS, Acquity™, Waters). Dans les urines, un screening est egalement realise en haute resolution par LC-HRMS (Q Exactive Focus™, Thermo Scientific) apres precipitation de l’echantillon dans de l’acetonitrile contenant les etalons internes deuteres et purification sur microplaque (Phree™, Phenomenex). L’echantillon de liquide est analyse en LC-HRMS et par chromatographie gazeuse couplee a la spectrometrie de masse (GC-MS, Trace ISQ™, Thermo Scientific) apres extractions alcaline et acide et acetylation. Resultats Les depistages/dosages immunochimiques et enzymatiques sur serum et urine sont tous negatifs ou inferieurs aux limites de quantifications, en particulier le paracetamol dans le serum Plasma Urines Liquide bouteille LC-DAD/MS cetirizine (conc. estimee a 40 ng/mL) Non realise Non realise LC-HRMS paracetamol gabapentine hydroxyzine et cetirizine (metabolite) gabapentine cetirizine gabapentine cetirizine GC-MS Non realise Non realise Aucune molecule detectee Discussion Les Resultats des screenings plasmatiques et urinaires permettent d’identifier les molecules du traitement. Seule la gabapentine n’etait pas indiquee dans les prescriptions, mais le medecin en charge de la patiente objective rapidement une prise ponctuelle de gabapentine a 300 mg en cas de douleur. Des traces non quantifiees de gabapentine et de cetirizine sans presence d’hydroxyzine sont identifiees par LC-HRMS dans le liquide de la bouteille, incolore, inodore et de pH neutre. Aucune molecule n’est detectee en GC-MS de sensibilite inferieure. Pour les deux molecules retrouvees dans le liquide, une contamination par la salive de l’enfant peut etre proposee pour expliquer les resultats. Cette hypothese est confortee par l’interrogatoire de l’enfant qui boit a la paille et indique jouer avec la boisson « en l’aspirant et en la refoulant ». La mesure de l’activite amylasique pour identifier la presence de salive dans le liquide n’a cependant pas pu confirmer cette hypothese. Conclusion L’expertise toxicologique des milieux biologiques preleves rapidement completee par une analyse du contenu de la bouteille ont confirme l’absence de toutes molecules autres que celles du traitement. La suspicion d’empoisonnement de l’adolescente n’a pas pu etre retenue.
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