Territoires bancaires et recompositions socio-économiques de la métropole

2010 
Cette recherche se propose d’eclairer la geographie et la dynamique de l’activite bancaire et financiere de la metropole parisienne en partant du constat que la distribution multicanal n’a pas amoindri le role des agences bancaires qui continuent a se developper (solde de 425 agences entre 1996 et 2006) et de l’observation d’une dissociation franche entre la geographie de l’emploi financier et celle du reseau bancaire, obeissant l’une et l’autre a des logiques differentes. Les facteurs generaux de developpement du reseau pointes dans la litterature sont la montee de la concurrence entre les operateurs, le caractere vieillissant de celui-ci, la relative sous-bancarisation de la France comparee a d’autres pays europeens et le fait que l’essor du multicanal n’amoindrit pas le role des points de vente qui continuent individuellement d’apporter de 200 a 300 clients par an aux groupes bancaires dont ils dependent. Ensemble, ils expliquent la poursuite de la bancarisation de l’Ile-de-France mais la problematique abordee ici est d’abord de determiner en quoi la geographie bancaire et financiere de la metropole parisienne peut enrichir la connaissance des nouvelles dynamiques territoriales intrametropolitaines. S’agissant de l’activite financiere, celle-ci, malgre l’emergence d’une metropole multipolaire, conserve une configuration geographique tres centree sur le cœur de la metropole avec des pertes d’emplois parisiennes du meme niveau que les gains observes dans les Hauts-de Seine et que ceux enregistres dans les departements du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis reunis. La geographie du systeme productif financier s’elargit donc a la premiere couronne, dans le cadre de la diffusion de l’immobilier de bureau, mais ne deborde pas sur la seconde couronne qui n’accueille que 12 % de l’emploi financier regional sans veritable rattrapage. La geographie du reseau bancaire est quant a elle plus diffuse et presente une image tres differente avec 43 % du reseau en seconde couronne. Sa dynamique est toutefois marquee par une deconnexion relative d’avec les evolutions demographiques puisque Paris, en quasi-stagnation, a gagne 23 % des agences entre 1996 et 2006, pendant que la premiere couronne qui concentrait 50 % des gains de population enregistrait seulement 30 % de celui des agences, la seconde couronne accueillant le reste. Se revele ainsi l’importance de la centralite parisienne d’une part et celle des logiques d’accessibilite d’ordre christallerien pour la seconde couronne d’autre part. Dans la metropole parisienne, les facteurs d’ordre socioprofessionnel et de revenus jouent bien davantage que dans d’autres types d’espaces geographiques, avec d’une part une dynamique bancaire qui reproduit les inegalites sociales de la metropole (parmi les departements les plus sous-bancarises, la Seine-Saint-Denis n’a gagne qu’un agence pour 3000 habitants, tandis que le Val d’Oise en gagnait une pour 1400 habitants et l’Essonne une pour 2400 habitants). D’autre part, au-dela des effets de centralite, la dynamique de Paris intra-muros s’explique aussi largement par la place preponderante qu’y occupent les populations a hauts revenus et par une geographie de la consommation bancaire surdeterminee par l’apport des actifs residant ailleurs. Au sein de l’aire metropolitaine et particulierement dans sa partie la plus dense, la geographie des revenus et la composition sociale des menages influencent donc tres directement le taux de bancarisation. L’impact de la structuration multipolaire de la region se repere egalement a travers la dynamique bancaire et financiere des villes nouvelles. Si ces dernieres, vues a travers les exemples de Saint-Quentin-en-Yvelines et de Marne-la-Vallee ne gagnent pas de places dans la geographie de l’activite financiere, Saint-Quentin diminuant meme en specialisation relative dans ce domaine, elles connaissent neanmoins l’une et l’autre une forte progression de leur bancarisation, en lien avec leur dynamisme demographique (gain de 30 000 habitants a Marne-la-Vallee et de 4000 habitants a Saint-Quentin en Yvelines) et avec un mouvement de rattrapage qui s’est accelere ces dix dernieres annees. Leur point d’arrivee n’est toutefois pas le meme : si Saint-Quentin dispose desormais d’un niveau de bancarisation equivalent a son environnement proche, Marne-la-Vallee reste sous-bancarisee, en lien probable avec une fuite de la consommation liee a la part plus importante d’actifs travaillant a Paris.
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