« J’aimerais mieux poindre que lasser » : le philosopher montanien et ses manifestations esthétiques. Variation sur un thème barthésien

2017 
Ma reflexion prend sa source dans l’experience d’une menue contrariete que chacun peut etre conduit a eprouver dans sa lecture des Essais. Il s’agit d’une forme de trouble, ou plutot de desorientation causee par certains usages montaniens des determinants demonstratifs (ce, cette, ces). Les demonstratifs supposent, pour etre compris du lecteur, l’elucidation de ce a quoi ils referent a partir soit de l’examen du cotexte — auquel cas ils sont qualifies d’endophoriques —, soit de l’evaluation du contexte enonciatif — auquel cas ils sont dits exophoriques. Cette distinction entre demonstratifs endophoriques et demonstratifs exophoriques, qui constitue le cadre fondamental de toute theorie linguistique des demonstratifs, est, chez Montaigne, du moins en certaines occurrences, relativement difficile a etablir. Il n’est pas ici question de soutenir que certaines idiosyncrasies des Essais feraient, a elles seules, vaciller une construction theorique solide et eprouvee ; seulement, pour commencer, de montrer qu’avec le brouillage de cette partition, c’est l’identification meme de la reference de certains demonstratifs montaniens qui se trouve complexifiee, et le sens de ces demonstratifs, partant, opacifie. Un seul cas de figure, a la valeur exemplaire, me semble suffire a illustrer la difficulte.Au chapitre V du livre III, « Sur des vers de Virgile », Montaigne ecrit : Et puis, quel fruit de cette penible sollicitude ? Car quelque justice qu’il y ait en cette passion, encore faudrai
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