Clio armée du poignard de Melpomène. Violences et guerres du Moyen Âge italien (XIe-1494) chez les hommes de lettres francophones et italiens (XVIIIe-début XIXe)

Le XVIIIe siecle ne s’interessa pas au passe medieval preferant, a ses deboires, l’exemplarite de l’Antiquite et l’utilite du present. Il laissa le soin aux auteurs du XIXe siecle de se consacrer au Moyen Âge et de s’enthousiasmer pour ses actes de folie qui temoignaient d’une energie demesuree. Cette idee d’une incomprehension de cette epoque au siecle des Lumieres est cependant fausse. A defaut de lire cette periode comme un absolu, les hommes de lettres du XVIIIe siecle projeterent dans ce temps leurs valeurs et leurs combats sous la forme d’exempla et de contre exempla. Or, dans cette dialectique, le Moyen Âge italien occupe une place privilegiee, etant a la fois le monde de villes commercantes travaillant pour le progres de l’esprit humain, et la terre ou les affrontements entre les papes et les empereurs connurent leur paroxysme. Nous allons etudier comment, a l’aune d’un changement de regard sur la guerre et la violence de ce temps, le Moyen Âge italien passa d’une appreciation relative a un temps ideal au debut XIXe siecle. A travers l’etude de recits historiographiques divers, allant de ceux du grand erudit Muratori a ceux de Sismondi, en passant par les ecrits des philosophes des Lumieres francais, nous verrons comment cette confusion condamnee se mua en des actes guides par une liberte positive, soutenant le developpement de la modernite. Nous elargirons notre analyse a des ecrits ayant trait au voyage en Italie, de ceux de Francais du XVIIIe siecle a ceux de Stendhal, afin de cerner comment le gout pour le Moyen Âge italien evolua dans les esprits a l’aune de ses guerres et de ses violences et comment ce changement se traduisit dans la perception des Italiens contemporains et des vestiges de ce temps.