Rôle de l'intégration professionnelle dans la récidive suicidaire

Depuis les travaux de Durkheim, de nombreuses etudes ont mis en evidence une importante et complexe association entre gestes suicidaires et chomage sans lien causal demontre. Dans la situation de crise economique que traverse la France, les notions de precarite d'emploi et de difficultes socioprofessionnelles depassent largement le seul cadre du chomage, et des solutions sociales d'insertion et de lutte contre le chomage n'ont pas contribue a ameliorer l'integration d'une population jeune de plus en plus confrontee a la precarite d'emploi. Dans le cadre d'une etude menee aux urgences du CHU de Caen, les suicidants de plus de 15 ans ont ete evalues par heteroquestionnaire, et les primosuicidants ont ete compares aux recidivistes en fonction de la qualite de l'integration socioprofessionnelle. Parmi les 541 suicidants, 416 (77 %) sont socialement actifs, 61,5 % ayant une activite professionnelle reguliere et 38,5 % etant en situation professionnelle precaire. Le sex-ratio femmes/hommes voisin de 2 pour les sujets ayant une activite reguliere, n'est plus que de 1 en cas de situation precaire tant chez les primosuicidants que chez les recidivistes. Les recidivistes travaillant regulierement ont significativement plus d'antecedents psychiatriques familiaux que les primosuicidants. La difference n'est plus significative chez les suicidants en difficulte d'insertion, qui sont caracterises par de moins bonnes conditions de vie, avec notamment absence de domicile regulier. Ces resultats apportent de nouveaux elements de comprehension dans une relation entre les gestes suicidaires et le niveau d'integration socioprofessionnelle.