Rôle des perturbations dans la dynamique des pessieres d'altitude. Impact d'ouvertures artificielles et naturelles sur la régénération et le développement d'un peuplement forestier

Les forets d'epicea des etages montagnard et subalpin au sous-bois domine par la myrtille, se regenerent difficilement. Leur renouvellement apparait en effet lie a des perturbations dont le role dans la dynamique de nombreux autres ecosystemes forestiers a deja ete demontre. L’impact a court terme d'ouvertures sylvicoles sur la vegetation et la regeneration de l'epicea a ete analyse dans des ouvertures sylvicoles recentes, tandis que la dynamique a plus long terme de l'epicea a ete abordee dans trois ouvertures datant de 1916, 1960 et 1977. Des mesures de terrain ont permis de confirmer ou de degager les resultats suivants : - la myrtille bloque l'installation et la croissance des jeunes epiceas. Les zones les plus receptives a la regeneration de cette essence sont caracterisees par un humus de type mull ou par l'affleurement d'un horizon mineral, car elles offrent de meilleures conditions d'alimentation hydrique et une moindre competition. Ces zones sont liees a une perturbation du sous-bois et de l'humus. - une telle perturbation rompt temporairement la dominance de la myrtille et permet a d'autres especes de se developper ou de s'installer. Elle peut etre causee par un crochetage, le transport des grumes ou le deracinement des arbres et peut engendrer une heterogeneite trophique, qui selectionne a court terme des especes de strategies differentes et initie a long terme deux modeles de succession : le modele d'inhibition avec le framboisier et le modele de tolerance avec des especes frugales acidiphiles et peu competitives. - une fois installes, les jeunes epiceas ont une croissance en hauteur de type exponentiel. Puis au cours du stade d'exclusion des tiges, la competition interspecifique provoque une importante diminution de la densite. Parallelement, le developpement des houppiers entraine une regression nette de l'ensoleillement et des strates basses de vegetation. Ces resultats confirment l'efficacite des petites ouvertures sylvicoles, pratique recente en forets de montagne et constituent une base de reflexion pour la gestion des pessieres d'altitude.