Traitement continu par anti-interleukine–1 dans le déficit en mévalonate kinase : étude rétrospective multicentrique française de 13 patients

2017 
Introduction Le deficit en mevalonate kinase (MKD) est une maladie auto inflammatoire genetique rare de transmission autosomique recessive associee a des mutations du gene MVK , caracterisee par des episodes de fievre recurrente des les premiers mois de vie et pouvant s’associer a une constellation de symptomes. Les traitements anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs sont d’efficacite limitee. L’interleukine(IL)-1β a un role central dans la physiopathologie du MKD. L’experience avec l’anakinra et le canakinumab a ete rapportee dans des cas cliniques ou des petites series de cas, le plus souvent pediatriques et avec une duree de suivi limitee. L’objectif etait de decrire l’efficacite et la tolerance des anti-IL1 en continu chez des patients adultes atteints de MKD. Materiels et methodes Etude retrospective multicentrique des patients ≥ 16 ans atteints de MVK traites par anti-IL1 recenses grâce au centre national de reference adulte des maladies auto-inflammatoires. Resultats Treize patients ont ete inclus, dont 8 ont ete diagnostiques a l’âge adulte. Le traitement continu par anti-IL1 a ete introduit ou poursuivi a l’âge adulte pour tous les patients. Trois patients avaient une mutation a l’etat homozygote : V377I ( n  = 2) et A148 T ( n  = 1). Les autres patients etaient heterozygotes composites pour la mutation V377I, associee a I268 T ( n  = 2), del 631–633 ( n  = 2), R176 K, G335D, G305A, A147 T, T342I, ou T243Yfs*34 ( n  = 1 chacun). L’anakinra a permis une remission complete ou partielle chez, respectivement 3/10 et 5/10 patients, et a ete sans efficacite chez 2/10 patients (suivi median de 16 mois). Une perte d’efficacite rapide a ete notee chez 2 patients, apres 3 et 5 mois. Six patients avaient des effets secondaires : reactions aux points d’injection, infections recidivantes (infections ORL ( n  = 1) et infections pulmonaires ( n  = 1), et/ou prise ponderale. Le canakinumab entraina une remission complete ou partielle chez respectivement 3/7 et 4/7 patients (suivi median de 18 mois). Une perte d’efficacite a ete notee chez 1 patient en 12 mois. Un patient avait des infections pulmonaires recidivantes. Les 2 patients en echec de l’anakinra en continu etaient en remission partielle prolongee sous canakinumab. Le patient homozygote A148 T est le seul a avoir une reponse complete prolongee sous anakinra. A l’inverse, seuls les 2 patients avec deletion 631–633 n’ont pas repondu a l’anakinra. Discussion Dans les series rapportees, l’anakinra permet une reponse complete chez 12,5–30 % des patients, une reponse partielle chez 50–87,5 % des patients et est inefficace chez 0–20 % des cas. Le canakinumab offre des reponses completes et partielles respectivement dans 50–80 et 20–50 % des cas. Le canakinumab a recemment ete approuve dans cette indication par l’agence europeenne du medicament. Les donnees sur les correlations genotype–efficacite des traitements sont tres limitees, mais permettraient un traitement personnalise. Certains patients peuvent necessiter des doses plus importantes de canakinumab. Des doses plus importantes d’anakinra pourraient aussi permettre une meilleure reponse, mais du fait de ses injections quotidiennes souvent douloureuses, un changement pour le canakinumab est souvent prefere. Cela pourrait expliquer en partie le fait que le canakinumab semble avoir une meilleure efficacite que l’anakinra. Conclusion Les anti–IL1 sont des traitements efficaces dans le MKD, mais avec neanmoins une efficacite souvent partielle ou une perte de reponse au long cours. Ces constatations sont en accord avec les donnees experimentales, qui suggerent que le MKD est une maladie multicytokinique.
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