Myopathies inflammatoires induites par les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire : la reprise d’une immunothérapie est possible

2021 
Introduction Les inhibiteurs de point de controle immunitaire (ICI), anti-CTLA-4 et anti-PD-1, ont revolutionne la prise en charge de certains cancers. Les myosites induites par les ICI (ICI-Myo) sont des effets secondaires rares mais potentiellement graves. Leur survenue necessite un arret de l’immunotherapie et un traitement immunomodulateur dans la plupart des cas. En cas d’aggravation oncologique, la reprise d’un ICI est parfois envisagee, malgre le risque theorique de recidive d’une immunotoxicite. Rares sont les descriptions de patients chez qui l’ICI a ete repris : l’objectif de cette etude retrospective est d’en preciser la faisabilite. Patients et methodes Cette etude multicentrique retrospective a inclus des patients ayant developpe une Myosite suite a l’introduction d’un traitement par anti-PD-1 (n = 17), l’association anti-PD-1 + Anti-CTLA-4 (n = 2), anti-PD-L1 (n = 1) pour melanome (n = 16) ou tumeur broncho-pulmonaire (n = 4). Les patients presentant une myocardite concomittante, dont l’issue malgre les traitements reste la plupart du temps fatale, ont ete exclus (n = 4). Les donnees cliniques, paracliniques et therapeutiques de patients suivis entre 2016 et janvier 2020 ont ete recueillies et analysees. Une remission complete de l’ICI-Myo correspondait a l’absence de signe clinique et un taux de CPK normales. Dans le cas contraire, on considerait le patient en remission partielle. Du point de vue oncologique, au moment de la derniere evaluation, chaque patient etait considere en reponse partielle, en reponse complete ou en progression par l’oncologue referent, selon les criteres RECIST. Resultats Parmi les 20 patients ayant presente une ICI-Myo (16 hommes, 4 femmes, d’âge median 70 ans, 45-87), onze (55 %) d’entre eux ont a un moment beneficie d’un nouveau traitement par ICI, du fait d’une progression tumorale, accessible a aucune alternative therapeutique (decision prise en reunion de concertation pluridisciplinaire). Deux (18 %) patients avaient presente une ICI-Myo atypique et neuf (82 %) une ICI-Myo typique ; d’autre part, trois (27 %) une forme severe et sept (73 %) une forme moderee. Le moment de la reprise de l’ICI survenait en mediane au 105e jour apres la derniere perfusion (15-434). Le meme ICI etait repropose (n = 6) ou remplace par un equivalent (n = 3) ou le choix se portait de l’anti-PD-1 vers l’anti-CTLA-4 (n = 2). Deux patients (18 %) avec atteinte moderee -qui n’ont pas eu d’une interruption significative de l’ICI- etaient en remission seulement partielle. Les neuf autres (82 %) etaient tous en remission complete au moment de la reprise. Dans un cas (9 %) cette derniere s’est faite sous couvert de Prednisone 50 mg/J + Methotrexate et IV-Ig, dans sept cas (73 %) sous Prednisone (20 mg/J, 9-30) progressivement arrete 6 fois sur 7, et dans trois (27 %) cas sans immunomodulateur. Avec un recul median de 354 jours (62-1126) aucun patient ne presentait de nouvelle ICI-Myo. Du point de vue oncologique, deux patients (18 %) etait en reponse complete, quatre (36 %) en reponse partielle mais cinq (45 %) progressaient ou decedaient. Conclusion Lorsqu’il est necessaire (absence d’alternative, validation en reunion de concertation pluridisciplinaire, surveillance stricte) un ICI peut etre repris sans crainte apres une ICI-Myo, notamment en cas de remission complete de celle-ci. L’interet d’une corticotherapie en prevention secondaire est incertain. Le benefice oncologique reel est difficilement evaluable en l’absence de cohorte comparative.
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