Impact des inhibiteurs de checkpoints immunitaires au cours de la COVID-19 chez les patients atteints de mélanome

2021 
Introduction La restauration immunitaire induite par les inhibiteurs de checkpoints immunitaires ont revolutionne le pronostic des cancers metastatiques [1] . La contribution de cette strategie therapeutique pour la prise en charge des infections reste toutefois controversee, malgre quelques etudes en faveur de leur utilisation, notamment dans le contexte de paralysie immunitaire au decours d’un sepsis severe [2] , [3] , ou dans les situations d’epuisement immunitaire au cours des infections virales chroniques [4] , [5] . Au cours de la COVID-19, des etudes suggerent qu’un etat d’epuisement immunitaire en lien avec une anergie et/ou une depletion des lymphocytes T serait partiellement responsable de la virulence du SARS-CoV-2 [6] , [7] , [8] , [9] , [10] . Certains proposent donc l’utilisation des anti-PD1 comme strategie therapeutique tandis que d’autres suggerent qu’au contraire, elle pourrait aggraver l’hyperinflammation [11] , [12] . Patients et methodes Nous avons suivi de facon prospective 292 patients atteints de melanome lors de la premiere vague de COVID-19 (de mars a juin 2020) dont la moitie etait traitee par immunotherapie (anti-PD1 ± anti-CTLA4). Les patients presentant des symptomes de COVID-19 etaient depistes par PCR. Une serologie SARS-CoV-2 etait recherchee de facon systematique. Les patients presentant une infection symptomatique active (  21 jours du debut des symptomes, PCR negative, serologie positive) ont ete inclus pour une etude approfondie de la reponse immunitaire par une analyse transcriptionnelle (Nanostring), proteomique (SIMOA, Luminex) et cellulaire (cytometrie de masse). Resultats Quinze patients atteints de COVID-19 ont ete identifies (infection active ou convalescente) avec une estimation de la seroprevalence a 8,6 % de la cohorte. Quatre patients sur 15 ont necessite une hospitalisation (26,7 %). Les donnees cliniques ne retrouvaient pas d’elements en faveur d’une forme plus severe de COVID-19 lors d’un traitement par anti-PD1, seul un patient ayant egalement une leucemie lymphoide chronique, a developpe une forme severe de la COVID-19 et est decede de defaillance respiratoire. L’analyse de la reponse immunitaire, en comparaison avec une cohorte de patients non traites par immunotherapie, retrouvait une reponse immunitaire innee semblable dans les deux cohortes. De meme, le taux d’anticorps anti-Spike (IgG et IgA), la capacite neutralisante ainsi que la longevite des anticorps (suivi du taux sur une periode d’1 an) etaient similaires en presence ou non d’un traitement par immunotherapie. En revanche, l’analyse de la reponse cellulaire mettait en evidence, chez les patients traites par immunotherapie, une expansion de la population de lymphocytes T CD8+ effecteurs memoires, une augmentation de l’activation des lymphocytes T CD4+ et CD8+, et une augmentation la production d’IFN-gamma lors d’une stimulation ex-vivo par des peptides issus du SARS-CoV-2. Conclusion Nos resultats sont en faveur d’une augmentation de la reponse cellulaire T anti-SARS-CoV-2 lors d’un traitement par anti-PD1 chez les patients suivis pour melanome, et de l’absence d’une exacerbation de la reponse inflammatoire. Il est necessaire de confirmer ces resultats avec un plus grand nombre de patients, dans d’autres types de cancers et dans d’autres centres.
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