« Ruptures instauratrices » ? Michel de Certeau et la lecture des écarts

2017 
Une « rupture instauratrice ». En definissant ainsi l’« operation de l’histoire » dans un article paru dans Esprit en 1971 (repris dans La Faiblesse de croire), Certeau interrogeait de maniere radicale la pratique meme de l’historien, mettant en crise les tentations memorialistes qui pourraient guetter ce dernier. Il n’y a pourtant aucun paradoxe a vouloir ici faire memoire du geste inaugure par Certeau. Si les lieux que celui-ci a explores sont si divers, c’est aussi qu’ils renvoient chacun a des « manieres de passer a l’autre ». Son œuvre s’est montree d’emblee retive a toute demarche surplombante, d’ou les reserves emises a l’encontre de la pratique historienne de Michel Foucault dans Les Mots et les choses (« Le noir soleil du langage : Michel Foucault », paru en 1967 dans la revue Etudes), pour s’attacher, dans l’analyse des pratiques, a ce qui les informe et les marque d’en-dessous, « ruses » et « arts de faire » qui « tordent » les logiques des pouvoirs cadastres. Pour pouvoir les reperer, elle s’est attachee a demonter les presupposes ideologiques qui entravent la comprehension des faits de culture en pronant sans relâche dans ses lectures une « pratique de l’ecart » (Luce Giard, « Preface » in Michel de Certeau, La Faiblesse de croire, Paris, Seuil, 1987, p. 9). « [Ce livre] est exile de ce qu’il traite », peut-on lire dans les pages liminaires de La Fable mystique I, propos emblematique qui renvoie tout a la fois a un constat et a un geste, une signature et un progr
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