Le médecin généraliste et la consommation de cannabis des adolescents en France.

2016 
En Europe, la France a le plus haut niveau de consommation de cannabis. En 2014, pres d’un quartdes jeunes francais de 15 a 25 ans etaient consommateurs mensuels. Fumer du cannabis engendre desconsequences somatiques, psychiatriques et sociales, ainsi qu’un sur-risque d’accident mortel apresavoir consomme. Les effets de la consommation durant l’adolescence sont responsables de microlesionscerebrales souvent irreversibles. La lutte contre la consommation de cannabis est un enjeu de santepublic majeur pour de nombreux pays. En France, 80% des jeunes de 15-25 ans ont consulte un medecingeneraliste dans l’annee ecoulee, ce qui en fait un interlocuteur privilegie pour le reperage precoce de laconsommation de cannabis. Pourtant, peu de medecins generalistes interrogent leurs patients sur leurconsommation. L’Intervention Breve est une technique d’entretien motivationnel, centree sur le patientet ayant pour objectif un changement de comportement. Des etudes ont montre l'acceptabilite et lafaisabilite de cette technique aupres des consommateurs. Le medecin generaliste pourrait donc utilisercette technique pour reperer et prendre en charge les jeunes consommateurs.Nous avons realise 2 etudes qualitatives, l’une par entretiens individuels aupres de jeunesconsommateurs, l’autre par focus group aupres de MG, afin de mieux comprendre leur relation et dansle but d’ameliorer leur communication. L’etude qualitative aupres des adolescents soulignaitl’ambivalence propre a cette periode et a la consommation d’une substance. Ils percevaient le MGcomme juge et possible delateur, mais egalement comme une autorite bienveillante et l’interlocuteurprivilegie pour parler de leur consommation. Le manque de temps et de connaissances du MG etaientpercus comme des obstacles au dialogue, connaitre le MG depuis longtemps etait un facilitateur.L’etude aupres des MG revelait egalement une ambivalence : conscients des dangers du cannabis, ilsconcevaient pourtant sa consommation comme du domaine de la vie prive des consommateurs. Ils ontrapporte un manque de connaissances et de temps pour aborder le sujet. Connaitre le patient depuislongtemps etait un frein a la relation.Nous avons ensuite realise un essai controle randomise en cluster afin d’evaluer l’effet a 12 mois dela realisation d’une intervention breve par des medecins prealablement formes aupres d’adolescentsconsommateurs de cannabis de 15 a 25 ans. Apres 1 an, la consommation des patients du groupeintervention (GI) est passee de 30 [6-80] a 17.5 (2–60) et celle du groupe temoin (GT) de 20 [5-40] a 17.5(4–40). L’etude n’a pas montre de resultats statistiquement significatifs entre les deux groupes a 1 an : p= 0.13. Cependant, l’etude a montre une diminution significative du nombre de joints fumes dans le GI(p = 0.02), ce qui n’est pas le cas dans le GT (p=0,29). A 1 an egalement, les consommateurs nonquotidiens fumaient moins dans le GI (GI = 3 [0–15] versus GC =10 [3–30] joints par mois ; p = 0.01). Au6eme mois, l’etude a montre une difference significative en analyse multivariee entre les niveaux deconsommation pour les moins de 18 ans (GI = 12.5 [1–30] versus GC = 20 [12–60], p = 0.04).Ces resultats sont de nature a encourager les medecins generalistes a reperer precocement leursjeunes patients consommateurs de cannabis et a realiser une intervention breve. La posture d’expert desante, distancie des representations personnelles et de citoyen, lui permet d’etre univoque dans sonmessage et sa prise en charge, tout en usant d’empathie qui permet une alliance therapeutique avec lejeune consommateur. La recherche clinique sur le cannabis est delicate en raison de l’aspect illegal de sa consommation et interroge sur la recherche sur les substances illicites en general. Les dangers du cannabis sont tels, qu’ilfaut continuer a encourager l’emergence de travaux sur cette thematique pour comprendre lescomportements des consommateurs et optimiser leur prise en charge
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