« Ar(t)chives » du Mexique des martyrs dans La última Cena mexicana (2010) de Gustavo Monroy

2018 
Les peintures de l’artiste mexicain Gustavo Monroy immortalisent des corpore vili, toutes ces « chairs » qui, dans un contexte de primaute economique et geopolitique sur la vie humaine, « ne coutent rien », et notamment celles de la « guerre » entreprise depuis 2007 par les autorites du Mexique contre le crime dit organise ; des victimes que la parole politique deserte et abandonne souvent. Dans son tableau La ultima Cena mexicana (2010), Monroy transporte un episode fondamental des Evangiles – celui ou Jesus accompagne de ses douze apotres institue l’Eucharistie – vers une « s-cene » que l’on pourrait qualifier d’improbable, une « s-cene » qui, au lieu de celebrer le sacrement contenant le corps, le sang et la divinite du Christ, s’effondre dans le festin cadavereux de treize decapitations, pratique de terreur employee, entre autres, par certains cartels mexicains. Nous nous proposons d’observer comment, dans un contexte d’atonie de la memoire nationale sur les persecutes et tues de l’ecosysteme predateur qu’est aujourd’hui le Mexique, Gustavo Monroy, desempare par un discours officiel qui ne pleure plus ses martyrs, tente « d’ar(t)chiver », depuis la collection sacree de la peinture religieuse, la victime profane destituee de son statut d’etre humain, afin de l’identifier, la resingulariser et la rehumaniser.
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