Agriculture de précision et gestion des risques environnementaux et de santé des pratiques phytosanitaires

2016 
La gestion de la pollution phytosanitaire d’origine agricole au niveau d’un territoire necessite l’integration d’unites spatiales emboitees mettant en exergue la relation entre la pression exercee et l’impact sur « l’environnement ». L’unite spatiale choisie doit etre celle ou interferent les pratiques agricoles et les risques de pollution sur les ressources naturelles et les populations. Dans les approches geo-agronomiques, trois types d’unites spatiales permettent de prendre en compte ce qui est gerable entre les hommes et ce qui est pertinent pour cerner les problemes de la pollution phytosanitaires agricole diffuse ; il s’agit des parcelles culturales, des exploitations agricoles et du bassin versant hydrologique. Les deux premieres unites spatiales sont des unites representatives des activites agricoles et du territoire de decision de l’agriculteur. Elles sont integrees dans une unite spatiale plus globale le bassin versant, territoire d’amenagement et de gestion de la ressource en eau. L’analyse de ces unites spatiales permet de rendre compte des pratiques agricoles spatialisees des activites agricoles et du mode d’integration du niveau local dans le niveau global. Mais cela permet aussi de rendre compte du niveau d’inegalites spatiales en termes de propension a polluer. Cette notion d’inegalite spatiale existe tout d’abord au niveau de la parcelle, premier espace de decision des pratiques. La notion de parcelle est consideree comme une notion agronomique et non pas cadastrale. Elle est definie par Houdart (2005)1 « comme une portion de terrain portant une meme culture soumise a une meme conduite ». Elle constitue l’unite de gestion agronomique ou se succedent les operations culturales (Sebillotte19742; Gras et al. 19893), et le premier niveau d’enregistrement des pratiques agricoles. Elle correspond a l’echelle sur laquelle les agriculteurs mettent en pratique leurs decisions techniques a chaque saison en fonction du cycle cultural de la plante. A cette unite spatiale peuvent se determiner les pratiques culturales permettant de reduire l’exportation dans le milieu des produits phytosanitaires. Cette parcelle peut etre caracterisee par de nombreuses variables ; sa surface , sa forme par rapport a la topographie, des niveaux de pente, sa distance a un cours d’eau, son homogeneite ou son heterogeneite pedologique, son environnement spatial (bois, habitations, autres parcelles) … Tous ces elements nous permettent de definir des niveaux de vulnerabilite de la parcelle face a certains risques, ruissellement, infiltration , voisinage humain ou animal, transfert vers un milieu aquatique…L’evaluation de ces diverses vulnerabilites est aujourd’hui facilitee par les outils de geomatique utilisant les Systemes d’Information Geographiques non plus simplement comme outils de representation de l’espace mais comme fournisseurs d’information sur cet espace nous permettant d’evaluer differents niveau de vulnerabilite de la parcelle face a differents enjeux. Apres avoir defini les enjeux et les vulnerabilites, pour envisager de developper des methodes et des instruments de gestion, il faut pouvoir evaluer les risques lies aux pratiques phytosanitaires sur l’espace parcellaire. Cet objectif necessitant de disposer d’indicateurs operationnels de terrain complementaires a l’IFT pour l’aide a la reflexion sur la gestion des risques phytosanitaires nous a conduit a developper des indicateurs permettant d’evaluer les risques phytosanitaires sur la sante humaine, principalement de l’applicateur (IRSA), et sur l’environnement et leur differents compartiments (IRTE)4. Nous avons donc developpe un logiciel de calcul (EToPhy5) dans le cadre d’un projet de recherche du plan EcoPhyto I (projet TRam6) pour ces deux indicateurs. Ce logiciel permet de determiner les indicateurs de risque en fonction de la toxicite des matieres actives, du type de produit (cible, formulation), des cultures et de l’exposition (dose homologuee ou appliquee). Les indicateurs de risque sante et environnementaux peuvent etre maintenant desagreges en sous indicateurs permettant une gestion plus fine s’adaptant mieux au contexte des differents niveaux de vulnerabilites de la parcelle. Pour l’indicateur sante, ciblant l’applicateur et les riverains, il est possible de ponderer les poids des risques aigues (risques d’inhalation, risques cutanes, etc.) et des risques chroniques (cancerigene, mutagene, neurotoxicite, reproduction, developpement, perturbation endocrinienne) ; pour l’aspect risque environnemental, il est egalement possible de ponderer les contraintes en fonction de la localisation en termes de risques de toxicite terrestre (sol), aerien, aquatique ou de mobilite et de persistance. Les indicateurs de risque calcules par le logiciel EToPhy sont ainsi utilises comme des parametres dans un modele technico-economique « OptiPhy7 » concu pour l’optimisation de l’usage des pesticides a l’echelle de la parcelle. Ce modele est base sur l’utilisation conjointe de techniques d’optimisation lineaire sous contrainte de priorite de reduction des differents risques et d’un processus de simulation pas a pas de la reduction simultanee des risques. La demarche permet donc de gerer les choix de produits en fonction des risques specifiques au niveau d’une parcelle. Cette approche permet ainsi une representation de la diversite agricole et une evaluation d’impacts de l’usage des pesticides par culture et au niveau spatial. Elle permet l’analyse de scenarios de reduction des risques lies aux pesticides en proposant des combinaisons de substitution des produits phytosanitaires, en fonction de criteres d’efficacite, de performance economiques et de vulnerabilite des milieux naturels. Ces outils de gestion de precision peuvent ensuite etre utilises dans le cadre d’une gestion collaborative locale permettant ainsi de gerer les choix de produits en fonction des risques specifiques au niveau d’une parcelle, d’un groupe de parcelles et d’un sous bassin selon les enjeux environnementaux et socio-economiques du « micro- territoire » et de son environnement permettant de creer les conditions d’une gestion collaborative de « voisinage ».
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