Comment un selfie peut s’avérer dangereux ! À propos d’une morsure de vipère au visage

2018 
Objectif Les envenimations viperines sont relativement rares dans les Hauts de France. Leur traitement repose sur une hospitalisation en milieu de reanimation et selon la gravite, l’administration d’une immunotherapie antivenimeuse efficace. Cette derniere pose un probleme de disponibilite. Nous rapportons un cas d’envenimation viperine grave traitee par immunotherapie Viperfav ® et d’evolution favorable. Description du cas Un homme de 52 ans, en visite dans un zoo du Loir et Cher, ramasse au sol, ce qu’il pense etre un jeune orvet. Il le rapproche de son visage pour faire un « selfie » et se fait mordre a la levre superieure. Il va consulter rapidement aux urgences de l’hopital de proximite d’ou il ressort « contre avis medical ». Il reprend la route et va consulter aux urgences de l’hopital proche de son domicile dans l’Oise. Il presente un œdeme important de la face et des levres, une effraction cutanee et un hematome au niveau de la levre superieure et sous orbitaire gauche. Le patient est eupneique, l’hemodynamique est normale et ne presente aucun trouble digestif. En dehors d’une hyperleucocytose a 12 290/mm 3 , la biologie reste normale. Le diagnostic d’une envenimation de grade IIA est pose. Grâce a la photo du serpent, l’espece Vipera aspis est confirmee. Dans l’attente de recevoir une dose de Viperfav ® qui n’est plus disponible dans cet hopital depuis le redeploiement des doses sur le territoire francais, le patient va beneficier d’une dose de corticoides et d’un aerosol d’adrenaline. La dose de Viperfav ® est administree 12 heures apres la morsure. Apres 48 heures de surveillance et la regression des signes cliniques, le patient est transfere dans un service de medecine interne avant qu’il puisse regagner son domicile 2 jours plus tard. Resultats Du fait de la redistribution des stocks de Viperfav ® (instruction du 09 mai 2017) vers les hopitaux de la moitie sud du territoire francais en se basant sur la repartition geographique des differentes especes de viperes en France (et de la frequence des envenimations), la non disponibilite d’une immunotherapie specifique et efficace pour les envenimations par Vipera aspis pose un probleme pour la prise en charge de ces patients et pourrait contribuer a une augmentation de la morbimortalite due aux morsures de serpents dans le nord de l’hexagone. Il semble necessaire de completer ou de reactualiser les connaissances des professionnels de sante sur les risques potentiels de ces envenimations afin d’optimiser leur prise en charge, meme si ces dernieres restent peu frequentes dans nos regions. Conclusion Ce cas clinique montre bien la mobilite des patients avant leur prise en charge medicale mais aussi la meconnaissance de la gravite potentielle de ce type d’envenimation par certains professionnels de sante et par voie de consequence de la necessite de disposer d’une immunotherapie efficace sur les varietes de viperes « francaises » (Vipera berus, V. aspis et Vipera ammodytes) sur la totalite du territoire sans distinction de zone geographique.
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