Les viviers des Hautes Fagnes et du Pays de Galles : Nouvelles connaissances et hypothèses

2014 
Les depressions fermees entourees d’un rempart qui existent dans les Hautes Fagnes en Belgique sont, depuis 1956, interpretees comme des traces de buttes periglaciaires. Considerees d’abord comme des traces de pingos, il a ete montre par la suite qu’il s’agit de traces de lithalses (palses minerales), c’est-a-dire des restes de buttes formees de glace de segregation comme il en existe en tres grand nombre au Quebec septentrional et quelques-unes en Laponie. Des restes de lithalses sont tres rares dans le monde et sont seulement connues en Belgique, au Pays de Galles et en Hudsonie. En Belgique, l’apparition des lithalses uniquement sur les hauts plateaux a ete expliquee par le climat plus rude qui existait en altitude au cours du Dernier Dryas. Nous montrons ici qu’un autre facteur intervient car ces formes sont presque toutes localisees sur des roches quartzitiques alterees du massif cambro-ordovicien de Stavelot. Elles seraient en relation avec de petites nappes aquiferes localisees dans des sables d’alteration. De semblables conditions lithologiques ne sont pas presentes sur les plateaux voisins de l’Eifel a la meme altitude et ce fait explique pourquoi des traces de lithalses n’y existent pas.Dans une deuxieme partie, au vu des etudes recentes realisees au Canada et de nos connaissances en Belgique, la croissance des lithalses ne se ferait pas seulement par un soulevement vertical du sol mais aussi, au moins pour certains, par croissance laterale. Cinq arguments sont presentes pour defendre cette these : 1) les formes en plan tres regulieres (circulaires ou ovales) de nombreuses lithalses actuelles et de traces de lithalses, sont inexplicables par un simple soulevement vertical du sol ; 2) une extension laterale des lithalses est evidente dans des remparts de traces de lithalses des Hautes Fagnes ; 3) les deplacements des sediments vers les remparts ne peuvent pas etre dus seulement a des processus de versants vu la tres faible pente de la surface des lithalses ; 4) si une erosion importante s’etait produite au sommet des lithalses, des phenomenes thermokarstiques auraient provoque leur fusion ; 5) la position oblique en profondeur des lentilles de glace au sein d’une lithalse de Hudsonie est un indice tres serieux d’une croissance laterale. La figure 15 montre comment probablement les lithalses grandissent et avec certitude comment elles disparaissent.La troisieme partie du present article est consacree aux traces de lithalses allongees de Belgique et du Pays de Galles. Les images Google Earth montrent que des formes tres semblables existent dans le Quebec Nordique. Au Pays de Galles, de nombreuses lithalses allongees selon la pente sont apparues par evolution d’abrupts periglaciaires que nous avons decrits en 1963 sous le nom de terrasses de cryoturbation. Des lobes de ces abrupts ont evolue selon la pente en des traces de lithalses. De telles formes sont nombreuses au Pays de Galles. La transition entre les abrupts lobes et les lithalses allongees selon la pente etablit le passage d’une forme a l’autre et constitue un argument supplementaire en faveur d’une croissance laterale des lithalses.
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