Pollution aérienne par le perchloroéthylène des établissements de nettoyage à sec : quels risques pour la santé des riverains ? Résultats d’une enquête francilienne

Objectifs En France, le perchlorethylene (PCE) est le solvant employe pour le nettoyage a sec dans la plupart des pressings. Du fait de sa volatilite, il est souvent a l’origine de contaminations atmospheriques de proximite, entrainant des plaintes d’habitants du voisinage. En 2010, le Haut Conseil de Sante publique (HCSP) a propose une valeur repere de la qualite de l’air a 250 μg/m 3  pour la concentration du PCE dans l’air des habitations et des locaux recevant du public ; elle est fondee sur la concentration minimale ayant produit des effets toxiques (LOAEL) en milieu de travail, a laquelle ont ete appliques des facteurs d’incertitude. Le HCSP a aussi identifie une valeur d’action rapide de 1250 μg/m 3  ; il a recommande une prise en charge medicale (recherche d’effets sanitaires et biometrologie) des occupants de logements dans lesquels ce seuil etait depasse. En application de cette recommandation, l’ARS Ile-de-France a propose a partir de fevrier 2012 une prise en charge medicale par la Consultation du Centre antipoison de Paris (CAPP) aux occupants de logements dans lesquels une concentration atmospherique ≥ 1250 μg/m 3  de PCE avait ete mesuree ; si elles le souhaitaient, les personnes occupant des logements avec des concentrations ≥ 250 μg/m 3  mais  3 , et celles occupant des logements ou le seuil de 1250 μg/m 3  avait ete atteint ailleurs que dans leur appartement, pouvaient egalement consulter. Nous rapportons les resultats des examens medicaux effectues. Methodes Les personnes prises en charge ont beneficie : – d’un entretien sur les dangers et les risques de l’exposition au PCE ; – d’un examen clinique ; – de la recherche d’une proteinurie tubulaire ou glomerulaire ; – de tests psychometriques en cas de plaintes evocatrices de troubles cognitifs ; – d’un dosage sanguin du PCE. Resultats Du 29/12/2010 au 4/06/2014, 89 personnes occupant 43 logements a proximite de 27 pressings ont ete examinees. La concentration de PCE mesuree dans les logements etait comprise entre 180 et 59 000 μg/m 3 (mediane 2100 μg/m 3 ). Les patients etaient âges de 5 a 77 ans (mediane 36 ans), le sex-ratio (H/F) de 0,75. La duree mediane de leur sejour dans le logement contamine etait de 5 ans. L’examen neurologique etait normal dans tous les cas, sauf un. Des tests psychometriques, effectues que 13 fois, ont montre des anomalies chez 5 patients. Une proteinurie tubulaire ou glomerulaire de faible intensite a ete observee dans respectivement 6 et 10 cas. Aucune relation entre l’exposition au PCE et les anomalies neurologiques ou renales observees n’a ete etablie. Le dosage de PCE n’a ete effectue que dans 77 cas (dans les 12 autres, l’exposition etait interrompue depuis plusieurs semaines). Au debut de l’etude, la limite de quantification de la methode etait de 5 μg/L et le PCE n’a pu etre quantifie chez 8 personnes ; a partir de juin 2012, elle a ete de 0,1 μg/L et le PCE n’etait pas quantifiable dans 3 cas ; in fine, la concentration sanguine etait mesurable chez 66 personnes ; elle etait comprise entre 0,105 et 38,74 μg/L (mediane 4,06 μg/L ; 95 e  percentile 25,79 μg/L). Les concentrations atmospheriques et sanguines de PCE etaient significativement plus elevees en hiver qu’en ete. Conclusions La consultation a permis de rassurer les personnes exposees sur les effets du PCE sur leur sante. Elle a montre des concentrations sanguines de PCE generalement superieures a 0,14 μg/L, confirmant l’exposition recente au PCE de ces personnes habitant au-dessus d’un pressing.