Les médecins de l'éducation nationale : une professionnalité originale au cœur des pratiques collectives de la santé à l'école

La profession de medecin de l’education nationale, par son exercice preventif sur la sante individuelle et collective des eleves, dans l’institution educative, constitue, comme le nomme HUGHES, un « cas inhabituel » de la profession medicale. Elle est exercee par 95% de femmes. L’objectif de la recherche est de l’explorer selon trois approches sociologiques differentes : politique, professionnelle et du genre. Une participation observante, des entretiens semi-directifs individuels et collectifs, une etude d’archives medicales et de textes reglementaires, et un questionnaire quantitatif permettent de recueillir des donnees sur le contexte politique d’exercice, les pratiques et parcours professionnels, les caracteristiques sociales des medecins de l’education nationale. Une figure medicale inhabituelle dotee d’une professionnalite originale emerge de cette etude. Elle forme un segment de la profession medicale dont la particularite reside dans sa transversalite. Elle mobilise des savoirs de differentes specialites medicales et emprunte a des savoirs de disciplines non medicales : psychologie, sociologie, pedagogie. Elle s’inscrit dans le cadre d’une politique publique de promotion de la sante en faveur des eleves. Mais le role regulateur de l’Etat est faible et ne suffit pas pour conforter la place des medecins. Cette pratique medicale concerne des enjeux sociaux depassant ceux du biomedical et de la maladie, mais les medecins en retirent un faible prestige. Peu nombreux, peu visibles, peu connus, ils doivent s’engager dans d’intenses processus de negociation professionnelle tant dans le systeme educatif que dans le systeme de sante, afin d’ameliorer leur reconnaissance.