Pathologies neuromusculaires et profession d’agriculteur : étude castémoins en milieu hospitalier

2017 
Introduction Les conditions du metier d’agriculteur ont ete transformees ces quarante dernieres annees, et les risques n’ont jamais ete evalues correctement en France. La Commission europeenne vient de re-autoriser l’emploi de certains produits phytosanitaires controverses au motif qu’ils n’avaient pas fait la preuve de leur dangerosite alors que les etudes demeurent tres parcellaires. Notre objectif a ete de tester la prevalence des troubles neuromusculaires chez les agriculteurs actifs ou retraites. Patients et methodes Tous les patients hospitalises dans le service de medecine interne conventionnelle (hors consultations ou hopital dejour) entre septembre 2015 et septembre 2017 ont ete inclus, leur(s) profession(s), exposition, symptomes et pathologies recueillis avec leur consentement dans un fichier clinique informatise. Les facteurs de risque et les elements confondants ont ete enregistres, les associations ont ete analysees en test du Chi2 et les odd ratio (OR) calcules avec l’aide du logiciel SAS. Resultats Au total, 2207 patients ont ete inclus, dont 108 agriculteurs/trices exercant leur profession sur le terrain (cas) et 2099 non-agriculteurs (temoins). Les retraites etaient classes en fonction de leur profession anterieure. Au total, 25,93 % des agriculteurs versus 17,58 % des temoins presentaient une pathologie neuromusculaire (p = 0,028, OR = 1,64, IC95 % : 1,05–2,56). Controle des elements confondants : les agriculteurs presentaient moins de diabete que les temoins (DID : 2,78 % vs 4,38 %, DNID : 16,67 % vs 19,28 %), etaient moins alcooliques (9,26 vs 15,47 %), etaient beaucoup moins toxicomanes (1,85 % vs 9,4 %, p = 0,005) alors que les prevalences d’obesite etaient identiques (21,3 vs 22,04 %). Ils etaient significativement plus hypertendus (56,5 vs 42,41 %, p = 0,004). Un total de 71,30 % des agriculteurs vs 2,62 % des temoins etaient exposes a des substances a risque plus ou moins defini (produits phytosanitaires, colorants industriels ou cosmetiques, amiante, etc.). Pathologies Les prevalences de SLA (0,00 vs 0,14), de SEP (0,93 % vs 1,05), des pathologies medullaires (0,00 vs 0,14), des pathologies neurologiques diverses ou inclassables (0,00 vs 0,86), de psychose (0,93 % vs 1,95 %), de troubles cognitifs (9,52 vs 7,05) ou de demence (6,67 vs 7,22) ne differaient pas entre agriculteurs et temoins. Par contre, les agriculteurs presentaient 3 fois plus de neuropathies peripheriques que les temoins (14,81 vs 5,91 %, p = 0,0009), deux fois plus de maladie de Parkinson (4,63 % vs 2,19, OMR = 2,16, IC95 % 0,8–5,56), deux fois plus de myalgies (8,33 % vs 4,19 %, p = 0,04), et 2,5 fois plus d’uveites (6,48 % vs 2,53 %, p = 0,01, OR = 2,67, IC95 % : 1,19–6,03). Discussion La population desservie par notre CHU compte 5 % d’agriculteurs, et les agriculteurs representent 4,8 % des patients inclus dans notre etude hospitaliere. Il aurait mieux valu realiser notre etude dans la population generale ou avec les donnees de Securite sociale et de la mutuelle sociale agricole, mais toutes nos demandes ont ete refusees. Conclusion Les neuropathies peripheriques, les uveites et les myalgies sont significativement plus frequentes chez les agriculteurs, et la maladie de Parkinson semble plus frequente. Il est urgent de permettre l’exploration des pathologies professionnelles chez les agriculteurs, par des experts independants sans conflit d’interet.
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