Traduire de l’italien pour « illustrer » la langue française : une situation paradoxale ? Interrogations autour de quelques préfaces (1540-1552)
2018
Au xvie siecle, les traductions ont joue un role fondamental dans le rapport entre les cultures francaise et italienne. Cette derniere a constitue un modele de litterature en langue vulgaire que les traducteurs pouvaient imiter pour « illustrer » leur langue nationale. Neanmoins, ils couraient le risque de paraitre « assujettis » a une autre culture vernaculaire, par ailleurs mise au meme rang que le francais. Cette contradiction est parfois abordee a l’interieur des paratextes, avec des strategies variees. L’une d’elles consiste a eliminer a la base toute contradiction par une valorisation de l’italien, presente comme un intermediaire utile pour approcher la culture latine, dont l’Italie se proclame l’heritiere. Pour d’autres genres, comme les romans de chevalerie, la pertinence d’une mediation italienne est clairement niee, car la tradition epique francaise est presentee comme la source d’inspiration des « nouveaux romans » italiens et espagnols que les traducteurs « ramenent » en France, en revendiquant parfois la superiorite de leur travail face au texte source italien. La question du rapport entre traduction de l’italien et « illustration » de la langue francaise est par ailleurs au centre de la preface aux Dialogues de Sperone Speroni traduits par Claude Gruget. Afin de neutraliser la contradiction apparente residant dans le fait de vouloir « orner nostre langue » a l’aide de la « langue tuscane », Gruget affirme que les traductions ne peuvent servir a « attribuer la richesse d’une langue a l’autre », en meme temps qu’il opere une distinction entre le plan de l’inventio italienne et celui de l’elocutio francaise, elocutio qui a elle seule determinerait la qualite d’une traduction et son importance au sein des lettres nationales.
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