Valeur fertilisante de Produits Résiduaires Organiques (PRO) : Exemple du phosphore

Pour quantifier l’impact a moyen-long terme sur le fonctionnement des agrosystemes de l’epandage de deux types de boues apportees a des doses reglementaires, l’une biologique (BOUE) et l’autre biologique chaulee (BCH), un dispositif de plein champ a ete mis en place en 1995 a Ensisheim. Nous presentons ici les resultats obtenus sur le cycle du phosphore et ses consequences sur la valeur fertilisante phosphatee de ces deux produits residuaires organiques (PRO). Apres 11 ans, l’apport annuel moyen de P par les boues est respectivement de 38.3 kg P ha-1 1 pour le traitement BOUE et de 53.9 kg P ha-1pour le traitement BCH. Dans le traitement de reference, nomme TN, dans lequel les apports d’elements fertilisants ont ete realises uniquement sous forme d’engrais mineraux, 38.4 kg P ha-1 ont ete apportes chaque annee en moyenne Il n’y a pas de difference significative entre les trois traitements pour les quantites de P exportees, a savoir 25.0 kg P ha-1 an-1 en moyenne. Le bilan annuel de phosphore, variation entre l’apport et l’exportation dans les grains (10 fois du mais et 1 fois du ble),est donc en moyenne excedentaire de +13.7 kg P ha-1 pour TN, de +13.3 kg P ha-1 pour BOUE et de +28.5 kg P ha-1 pour BCH. Le stock de phosphore biodisponible dans les 20 premiers cm de sol a ete evalue, presque tous les ans, en mettant en oeuvre deux approches experimentales. L’une consiste a determiner l’ensemble des ions phosphates dissous et diffusibles2 sur une periode de un an ; l’autre consiste a extraire le phosphore au moyen d’une methode chimique utilisee en routine pour etablir un conseil de fertilisation : l’extraction au bicarbonate de sodium, appelee methode Olsen. Durant les 11 annees d’experimentation, l’augmentation du stock de P biodisponible est directement proportionnelle au bilan cumule de phosphore et independante de la nature du traitement que ce soit BOUE, BCH ou TN; en consequence la valeur fertilisante phosphatee des deux boues biologiques, chaulee ou non, est egale a celle du superphosphate triple. La variation du stock des ions phosphate dissous et diffusibles pendant un an, due aux apports, est egal au bilan cumule de phosphore a la parcelle. Cette methode d’evaluation de la biodisponibilite permet donc de recouvrer experimentalement la totalite de la variation theorique du stock de phosphore biodisponible. Par contre, avec l’extraction Olsen, le coefficient de recouvrement du bilan n’est que de 6% soit un coefficient de retrogradation de 94%. Pour l’essai d’Ensisheim, la quantite d’ions phosphate dissous et diffusible est donc un indicateur de la quantite de phosphore biodisponible beaucoup plus pertinent que le phosphore extrait par la methode Olsen.