Coma non traumatique chez le jeune enfant au Bénin : tout tourne-t-il autour de la prise en charge du paludisme ?

2020 
Introduction La morbidite et la mortalite dues au paludisme ont diminue ces 20 dernieres annees, alors que les infections virales du systeme nerveux central ont ete recemment identifiees comme une cause importante d’hospitalisation avec coma en Afrique de l’Est, ou le paludisme est endemique. Notre objectif etait de decrire l’etiologie, la prise en charge et le pronostic des comas non traumatiques chez le jeune enfant au Benin. Materiels et methodes Cette etude prospective a ete menee dans deux hopitaux universitaires. Tous les enfants VIH-negatifs âges de 2 a 6 ans, ayant un coma avec score de Blantyre inferieur ou egal a 2 ont ete inclus. En plus d’un bilan a la recherche des signes de gravite du paludisme, une hemoculture, une PCR syndromique « fievre tropicale » (Fast Track Diagnosis, Luxembourg) et une analyse du liquide cephalorachidien (LCR), comprenant une PCR multiplex (Biofire, Merieux, France) et une recherche d’adenovirus, ont ete effectuees. Tous les enfants atteints de paludisme ont ete traites avec de l’artesunate par voie intraveineuse. Les patients ont egalement eu acces a d’autres traitements, dont des transfusions sanguines, prescrits a la discretion du medecin. Resultats Entre mars et novembre 2018, 84 enfants ont ete inclus, dont 50 filles (sex-ratio : 0,68) avec un âge moyen de 43 ± 13 mois. Une fievre etait rapportee chez tous les patients, avec une duree d’evolution moyenne de 4 (1–14) jours. Pour 90 % d’entre eux (76/84), des soins avaient ete dispenses par un professionnel de sante avant l’admission, mais seuls 11 enfants avaient recu un traitement oral antipaludeen adequat. Le paludisme etait la seule cause de coma identifiee chez 72 patients (86 %). Six avaient une co-infection (1 meningite purulente decapitee, 1 bacteriemie a Staphylococcus aureus, 1 bacteriemie a Streptococcus, 1 encephalite a West Nile Virus, 1 encephalite a HHV6 et 1 encephalite a adenovirus) et 6 avaient un coma non palustre (1 bacteriemie a E. coli, 1 dengue, 4 indetermines). Vingt enfants (23 %) ont recu une antibiotherapie par ceftriaxone, et la plupart (58/84) ont recu des transfusions sanguines. Le taux de letalite etait de 30 % (26/84), dont 19 deces (23 %) dans les 24 heures suivant l’admission. Sur les 49 enfants suivis a j28, 20 (41 %) avaient des difficultes a marcher, 2 des difficultes a voir, et 1 des difficultes a entendre. Conclusion Le neuropaludisme reste de loin la cause la plus frequente de coma non traumatique dans la zone etudiee, avec un taux de letalite eleve malgre un acces a des soins standardises. Pour la plupart des enfants, le parcours de soin n’a pas abouti a un traitement antipaludeen precoce et efficace. Le paludisme doit etre prevenu, mais les efforts de prevention ne doivent pas releguer au second plan le renforcement necessaire des capacites de prise en charge des formes potentiellement fatales de la maladie.
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