La myopathie cortisonique : vue d’ensemble à travers 4 observations

2017 
Introduction Les glucocorticoides sont largement prescrits dans de nombreuses pathologies inflammatoires, allergiques et auto-immunes. La myopathie cortisonique est un des effets secondaires majeurs de la corticotherapie et c’est la plus commune des myopathies medicamenteuses. Les objectifs de notre travail sont d’etudier les caracteristiques epidemiologiques, clinico-biologiques de la myopathie cortisonique, d’elucider ses mecanismes physiopathologiques et d’en preciser les modalites therapeutiques a travers 4 observations de myopathie cortisonique colligees au service de medecine interne de Sfax-Tunisie. Observation Nous rapportons 4 observations de myopathie cortisonique colligees au service de medecine interne de Sfax. Il s’agissait de 4 femmes dont l’âge moyen etait de 54,5 ans (48–63 ans). Le mode de debut etait progressif dans tous les cas, apres un delai moyen de 25 mois. Les pathologies ayant necessite la prescription d’une corticotherapie etaient : une fibrose retroperitoneale (1 cas), une dermatomyosite (1 cas), un syndrome de Sjogren (1 cas) et une pneumopathie interstitielle diffuse idiopathique (1 cas). La molecule utilisee etait la prednisone dans tous les cas et la bethamethasone dans un cas. La corticotherapie etait initiee a forte dose (1 mg/Kg/jour) dans tous les cas. La voie d’administration etait orale chez toutes les patientes. Les manifestations cliniques de la myopathie cortisonique etaient representees par un deficit musculaire proximal dans tous les cas, touchant les deux ceintures dans un cas et la ceinture pelvienne dans un cas et associe a des myalgies moderees dans 3 cas. Au plan biologique, on notait une elevation moderee des enzymes musculaires dans un cas. L’electromyogramme, pratique dans 3 cas, etait normal dans un cas et en faveur d’une atteinte myogene non myositique dans 2 cas. Aucun de nos patients n’a beneficie d’une biopsie musculaire ni d’une imagerie musculaire. La conduite therapeutique etait d’arreter la corticotherapie dans 3 cas et de la maintenir a une posologie faible dans un cas, de prescrire une reeducation motrice visant a renforcer la musculature proximale et de renforcer la supplementation vitaminocalcique, permettant une recuperation partielle (3 cas) et totale (1 cas) de la force musculaire. Discussion Les troubles musculaires induits par les medicaments sont actuellement bien connus et varient de la simple elevation asymptomatique des enzymes musculaires a la myopathie medicamenteuse severe. Les glucocorticoides, tres frequemment prescrits dans de nombreuses maladies, sont parmi les plus connus des myotoxines. L’atteinte musculaire liee aux corticoides est ainsi une complication frequente mais souvent meconnue. Sa frequence est difficile a evaluer compte tenu de l’heterogeneite des populations traitees et des maladies associees. Cette complication revet un spectre clinique tres large et aucun signe clinique, aucune exploration n’est specifique. Chez les patients traites pour myopathie inflammatoire, comme dans notre 2 e observation, la myopathie cortisonique pose parfois le probleme du diagnostic differentiel avec l’affection sous-jacente. Conclusion Les cliniciens en particulier les internistes sont de plus en plus vigilants vis-a-vis de la myopathie cortisonique. L’epargne cortisonique reste le traitement de premiere ligne de cette complication. L’exercice physique doit etre toujours preconise et les carences nutritionnelles doivent etre corrigees.
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