Les faunes d’ammonites de l’Oxfordien au Tithonien et la biostratigraphie des Spiti-Shales (Callovien supérieur-Tithonien) de Thakkhola, Népal Central

2009 
Le travail est une monographie des faunes d’ammonites de la formation des Schistes de Spiti du pays Thakkhola, dans le Nepal central. Elle est realisee a partir d’un materiel nouveau provenant de recoltes realisees avec le meilleur controle stratigraphique possible. La monotonie du facies et les conditions d’affleurement font que la resolution stratigraphique est encore loin d’atteindre celle devenue la regle en Europe ou les regions equivalentes par l’avancement des etudes. Les nouvelles donnees reunies au Nepal modifient le schema traditionnel herite de V. Uhlig, etabli dans la region-type de Spiti, dans l’Himalaya indien. Dans les travaux plus recents, il est souvent repris tel quel ou a peine modifie, souvent sur des donnees mal assurees. La premiere partie de l’ouvrage decrit la Formation des Schistes de Spiti du Nepal, les difficultes liees a la tectonique et les conditions dans lesquelles a ete realise le travail de terrain au cours de 4 missions d’etude qui ont permis de construire la succession des faunes. Ensuite, les affleurements et les coupes sont presentes du sud vers le nord, presentation qui respecte au mieux l’ordre stratigraphique. Pour chacun sont donnees les faunes recueillies et les informations qui justifient le schema biostratigraphique retenu et qui permettront de les retrouver assez facilement et de les revisiter. Le resultat est une succession biostratigraphique de neuf assemblages fauniques, domines chacun par un genre ou un nombre limite de genres d’un meme groupe, les autres formes associees, autochtones ou apports episodiques de taxons exotiques, toujours subordonnees au(x) genre(s) dominant(s). Le caractere endemique des formes indo-SW pacifiques limite les possibilites de correlation et de datation par reference a l’echelle standard realisee a partir de la Tethys mediterraneenne et regions adjacentes. Les rares formes d’origine ou d’affinites europeennes sont le seul support des âges proposes ci-apres, qui revisent ceux admis dans des travaux anterieurs (Enay & Cariou, 1997, 1999). A l’Oxfordien correspondent les faunes a Mayaitides. L’Oxfordien inferieur est atteste par les rares Peltoceratides trouves non en place. L’Oxfordien moyen est date par des perisphinctides de la Tethys submediterraneenne d’Europe associes a des formes indigenes. Les niveaux plus eleves sont domines par les perisphinctides indo-SW pacifiques, probablement d’âge Oxfordien superieur. La limite Oxfordien/Kimmeridgien reste incertaine en l’absence d’une succession dans les niveaux de passage avec la faune suivante. Au Kimmeridgien sont attribuees les faunes a Paraboliceras, la partie inferieure avec les derniers Mayaitides, la partie superieure dominee par les Paraboliceras, associes a des perisphinctides est-africains et indo-malgaches. La presence de Hybonoticeras dans la partie haute est une donnee importante pour situer la limite Kimmeridgien-Tithonien. Le Tithonien inferieur debute avec la faune a Kossmatia, dans une acception stricte du genre, avec une variete de formes sans equivalent en dehors du Nepal et presque exclusive des autres taxons. Il comprend aussi des niveaux places jusqu’ici dans le Tithonien superieur : la faune a Virgatosphinctes et Aulacosphinctoides, une faune assez homogene, d’autant que l’appartenance a cette faune de certains elements connus surtout dans des niveaux plus recents, est douteuse, et la faune a Malagasites et Hildoglochiceras, ce dernier peut-etre caracteristique d’une faune (ou d’un horizon) particuliere a nombreux oppeliides. Malgre le doute de l’attribution generique, ? Semiformiceras aenigmaticum n. sp., est un element determinant pour dater cette faune de la partie elevee du Tithonien inferieur. Le Tithonien superieur a ammonites a un developpement reduit au Nepal, interrompu par les apports terrigenes de la Formation (ou Unite) de Chuck. Il est caracterise par une faune a Blanfordiceras, presque exclusivement monogenerique, avec presomption de l’appartenance a cette faune de quelques autres taxons peu nombreux. La faune a Blanfordiceras et Umiaites, une association connue dans un seul affleurement, caracterise les tout derniers niveaux avec ammonites des Spiti Shales du Nepal, deja marques par des apports silteux. Des incertitudes subsistent et les equivalences proposees avec le schema standard pour la Tethys europeenne sont des approximations, deja au niveau des etages et plus encore pour les zones. La succession des faunes etablie au Nepal sert de reference pour reviser les correlations, d’abord celles de la ceinture himalayenne, au Pakistan, dans l’Himalaya indien (Spiti, Kumaon) et le Sud Tibet ; ensuite, vers l’Est et plus largement au sein de la province Indo-SW Pacifique, l’Australasie (Iles Sula, Misol et Buru, Irian-Jaya et Papouasie-Nouvelle Guinee), la Nouvelle-Zelande, l’Antarctique et le Bassin de Magellan ; pour terminer, vers l’Ouest, avec le bras de mer (ou golfe) indomalgache, le Kachchh (ou Kutch) en Inde, Madagascar, l’Afrique orientale (Tanzanie, Kenya, Ethiopie et Somalie) et le Yemen. Le facies des Schistes de Spiti est relativement uniforme et monotone, schistes noirs a nodules plus ou moins abondants, tres durs et riches en silice et pyrite. Les conditions de depot deduites des etudes publiees sur les facies et les microfaunes indiquent un milieu avec des apports limites en oxygene sur la partie distale de la plate-forme ou le haut du talus. L’environnement de depot des Schistes de Spiti au Nepal peut expliquer la conservation du carbone organique sur un fond anoxique associe a une productivite organique elevee et une consommation d’oxygene importante. Ces conditions sont reliees a des remontees d’eaux profondes par des courants d’upwelling tels que ceux modelises sur la marge sud-tethysienne. L’absence d’une faune planctonique abondante dans les sediments resulte probablement de conditions d’enfouissement et de fossilisation defavorables. La rarete ou la quasi-absence de la faune benthique est en accord avec les conditions de depot des Schistes de Spiti, ainsi que la composition des faunes d’ammonites. Par reference au schema propose par Ziegler et ses adaptations plus recentes, le role tres subordonne des «Leiostraca » s’accorde avec un habitat de milieu marin ouvert sur la plate-forme distale ou/et le haut du talus, a des profondeurs de l’ordre de 300 metres. La composition souvent monogenerique des faunes etudiees, ou dominee par un nombre limite de genres d’un meme groupe, traduit un certain endemisme des faunes himalayennes qui se retrouve dans les faunes des marges peri-gondwaniennes indo-SW pacifiques (Iles Sula, Nouvelle-Guinee, Nouvelle-Zelande) et jusqu’en Antarctique et dans le bassin de Magellan. Elle contraste fortement avec les faunes du golfe indo-malgache (Kachchh, Madagascar, Afrique orientale), plus diversifiees, avec une plus grande frequence de formes identiques ou proches d’especes de la Tethys submediterraneenne. Il est envisage que les faunes indo-malgaches etaient liees aux environnements de plate-forme proximale relativement moins profonds des marges du golfe indo-malgache, schema coherent avec les indicateurs en faveur d’une diminution de la profondeur des niveaux a Malagasites et des niveaux les plus eleves des Schistes de Spiti a Blanfordiceras et Umiaites. La faible diversite des faunes de la province (ou domaine) indo-SW pacifique a deja ete interpretee comme le resultat de l’initiation au Jurassique superieur d’une faune et d’un Domaine (ou Sous-domaine) Austral. La partie systematique occupe la plus grande partie de l’ouvrage avec la description, la discussion et/ou la revision de 164 especes (incluant les especes en nomenclature ouverte) dont 43 especes nouvelles nommees. Elles correspondent a 42 genres dont 6 sont nouveaux. Plusieurs genres font l’objet d’une revision ou d’une discussion plus complete, parmi lesquels les genres nouveaux Praekossmatia, Nepalites, Stevensia et Malagasites, mais egalement les genres connus Uhligites, Sulaites, Torquatisphinctes Pachysphinctes et Katroliceras, Paraboliceras, Kossmatia, Virgatosphinctes, Aulacosphinctoides, Umiaites et Blanfordiceras. Outre la creation de nouveaux taxons, l’etude des faunes du Nepal a permis de valider ou de confirmer l’existence d’un dimorphisme dans les genres deja connus Sulaites, Pachysphinctes, Katroliceras, Paraboliceras, Virgatosphinctes, Aulacosphinctoides, Blanfordiceras, moins surement chez Umiaites, egalement chez les nouveaux genres Praekossmatia, Stevensia, Nepalites et Malagasites. A l’exception de Nepalites, chez qui les deux dimorphes sont decrits sous le meme nom d’espece, et avec un doute pour Kossmatia tenuistriata et K. cf. tenuistriata, les dimorphes d’un meme genre sont places de facon conventionnelle et dans des especes distinctes.
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