Les empreintes de l'infrastructure

Ville et mobilite entretiennent des liens etroits dont la dynamique contribue aux mutations de notre environnement. Depuis plus de 200 ans, les techniques de deplacement ont profondement transforme l’amenagement du territoire, leur influence allant bien au-dela des seuls ouvrages qui leur etaient dedies. Elles ont favorise une mutation des perceptions de l’espace, conduisant a renouveler nos modeles de representation. Pour apprehender les conditions et les effets du deploiement des flux dans l’espace de la ville, cet article interroge la notion d’infrastructure, entendue comme l’espace de rencontre entre la ville et la mobilite. Si la ville conditionne par ses besoins l’infrastructure, et la determine comme un objet-frontiere repondant a ses attentes propres, l’infrastructure se developpe aussi selon sa logique propre, redefinissant simultanement la ville, ses echelles, ses frontieres, ses modeles. L’article approfondit cette hypothese de l’organicite de l’infrastructure en s’appuyant sur le cas de la ville aerienne, c’est a dire l’espace pense et pratique par lequel se manifeste la rencontre de la ville et de la mobilite aerienne. Il revient dans une perspective diachronique sur les projets et les realisations qui ont faconne la construction de l’infrastructure aerienne grand-parisienne. De l’urbanisation de l’aeroport (comme embleme, institution, vitrine) a l’aeroportuarisation de la ville (comme reforme, prototype, lecon), l’etude des tensions entre visibilite et invisibilite de l’infrastructure revele les contours plus diffus de son emprise urbaine.