Les inondations à Toliara (Sud-Ouest Madagascar). Quelle méthode d’analyse pour comprendre la vulnérabilité dans le contexte du changement climatique ?

2016 
La plaine cotiere de Tulear situee dans le SO de Madagascar, ceinturee a l'Est par le bord ouest du plateau calcaire, au Sud par la falaise de Tsinjoriake, et a l'ouest par le canal de Mozambique, est soumise a des inondations recurrentes par le fleuve Fiherenana en lien en general avec le passage de cyclones dans un contexte d’augmentation de ces phenomenes climatiques extremes (Direction Generale Meteorologie Madagascar, 2008). Les degâts majeurs occasionnes a chaque inondation posent le probleme de l’efficacite de la gestion de ce risque a Tulear. La caracterisation de l’alea etant difficile en raison des lacunes de donnees sur le fonctionnement hydrometeorologique et ceci malgre l’utilisation de modeles statistiques simples (decomposition des series temporelles) permettant de reconstituer en partie ces donnees, nous proposons de reflechir a une methodologie pour caracteriser la vulnerabilite des populations et du territoire a ce risque. La notion de vulnerabilite est en general vue comme la mesure des consequences d’un alea, le risque inondation se caracterisant par de nombreuses victimes, un cout important de degâts materiels et des impacts sur l'environnement. Cependant, elle inclue egalement les difficultes qu’une societe mal preparee rencontre pour reagir a la crise, puis restaurer l’equilibre en cas de sinistre (perturbations directes et indirectes, immediates et durables). Or cette dimension est de maniere generale tres mal prise en compte dans les politiques et les outils de gestion des risques. Pourtant, comprendre les conditions ou les facteurs propices aux endommagements ou influant sur la capacite de reponse a une situation de crise apparait de plus en plus fondamental pour agir sur la reduction de cette vulnerabilite. Cette vulnerabilite obeit a une serie de facteurs structurels (socio-demographiques et economiques, socio-culturels, cognitifs ou educatifs et perceptifs, techniques ou physiques, fonctionnels et institutionnels ou politico-administratifs), geographiques et conjoncturels, dont l’analyse permet de prevoir l’amplitude des prejudices potentiels (Thouret et D’Ercole, 1996). L’etude encore en cours se propose d’analyser les facteurs de vulnerabilite associant des mesures quantitatives de l’exposition des elements aux inondations et des mesures qualitatives de la capacite de reponse des individus ou des groupes exposes aux sinistres a partir de releves de terrain et de l’utilisation du SIG. Les mesures quantitatives de l’exposition des elements aux inondations s’appuient sur la creation d’un indice de vulnerabilite a partir de plusieurs criteres statiques ; (i) la hauteur d’eau potentielle calculee a partir du modele numerique de terrain (SRTM 30m) en effectuant des simulations d’ecoulements base sur le SIG et sur les systemes multi-agents (Rakotoarisoa et al. 2014) ; (ii) la distance aux ouvrages de protection du fait de l’effet de surprise que peut engendrer une rupture soudaine de la digue et du sentiment de fausse securite que donne la proximite a un ouvrage ; (iii) la distance aux zones de refuges qui prend en compte la distance que doit parcourir un occupant pour arriver dans une zone non inondee ; (iv) la typologie des habitations basee sur leur solidite. On ajoutera a ces facteurs geographiques (topographie, geomorphologie, biogeographie, urbanisation, ... ) et techniques ou physiques (lies au bâti et aux materiaux exposes), les autres facteurs structurels permanents de la vulnerabilite bases sur les donnees socio-demographiques et economiques du nombre d’habitants et de la densite de population par quartiers et par maison, ainsi que la composition de cette population (âge moyen, …) et sa structure socio-economique (CSP, formation scolaire, sante, revenus…). On definira aussi les activites presentes et le type de quartier (spontane ou pas). Les mesures qualitatives de la capacite de reponse des individus ou des groupes exposes aux sinistres sont egalement indispensables car le risque est un construit social qui renvoie aux modes de vie des societes et a leur rapport avec leur environnement. Il est donc necessaire d’apprehender les caracteristiques globales de la population concernee, mais egalement les representations et perceptions des risques, c'est-a-dire la dimension sociale des risques. Pour cela, une enquete permet de mettre en evidence les connaissances acquises (par l’ecole ou des associations etc.), sur les inondations et les experiences passees vecues (a differentes echelles de temps, inventaire des degâts, solutions mises au point …), et perceptives a travers les representations de l’alea et du risque inondation (gravite, frequence, type). Il s’agira egalement de qualifier les facteurs fonctionnels, c'est-a-dire la qualite de la prevention et de l’organisation des secours en cas de catastrophe et les facteurs institutionnels ou politico-administratifs fondant la planification et reglementation en matiere de risque a travers ces enquetes et des entretiens avec les gestionnaires en nous appuyant sur la derniere inondation catastrophique de fevrier 2013.
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