Evaluation des procédures d'hygiène des spéculums auriculaires (SA). Enquête microbiologique et étude de comportement

Resume L'utilisation des speculums auriculaires (SA) d'otoscope, tres frequente dans certaines specialites, pose un probleme en terme d'hygiene et de prevention d'infections iatrogenes. A cette intention, une enquete a ete realisee en 1995 a la Martinique. Objectifs : evaluer les procedures d'utilisation et d'entretien des SA, decrire et denombrer les micro-organismes sur des SA apres examen d'un conduit auditif et avant reutilisation, etudier la perception par les praticiens du risque d'infection lie a l'utilisation de SA non traites, proposer des mesures de desinfection conformes aux bonnes pratiques. Methods : enquete epidemiologique aupres d'un echantillon exhaustif de 182 medecins de la Martinique utilisateurs de SA, enquete microbiologique sur 13 SA apres utilisation, et sur 132 SA prets a etre reutilises. Resultats : 82,5 % des medecins interroges reutilisaient des SA a usage unique, souvent par manque d'information. Les techniques d'entretien des SA avant reutilisation etaient tres variables selon le type d'exercice : les ORL sterilisaient les SA reutilisables, les autres praticiens employaient des methodes variees, non protocolees, et utilisaient le plus souvent des antiseptiques, normalement reserves a la desinfection des tissus vivants, 67,1 % des medecins generalistes reutilisaient, en visite, leurs SA, sans aucune procedure de nettoyage entre deux examens. Les utilisateurs, a part les ORL, evaluaient subjectivement leurs propres pratiques comme non satisfaisantes. Ils estimaient de plus que les SA peuvent etre contamines et qu'un risque iatrogene existe. L'etude microbiologique mettait en evidence une frequence elevee de germes pathogenes sur des SA apres examen d'un conduit auditif externe pathologique ou non. 35,6 % des 132 SA prets a etre reutilises etaient contamines. Discussion : il existe des procedures defectueuses en matiere d'utilisation des SA. Cette donnee est confortee par l'absence de protocole d'entretien standardise et disponible pour les professions concernees, par le manque d'information sur le caratere jetable de certains SA et par les contradictions entre les opinions a priori des medecins et leur comportement.