Maintenir en emploi ou soutenir le travail ? La place de la santé au fil des parcours professionnels. Actes du séminaire "Âges et Travail", mai 2018

2020 
On peut en effet partir du constat que les problemes de sante, plus ou moins durables, qui surviennent au cours de la vie active, sont porteurs d’incertitude sur la poursuite, la reprise ou l’inflechissement du parcours professionnel. A ce titre ils preoccupent les travailleurs concernes, les collegues, l’encadrement, ainsi que tous les acteurs que leur fonction amene a intervenir. Ce sont ces preoccupations (pointees ou non sur des phenomenes precis et formalises comme les absences pour maladie ou les restrictions d’aptitudes) qui souvent s’expriment en termes de perspectives de « maintien en emploi » et d’actions menees dans ce but. Or les recherches dans ces domaines, l’experience des acteurs et des praticiens, suggerent quelques deplacements par rapport a cette notion, deplacements que ce seminaire a permis de preciser et de mettre en debat. Le premier deplacement, propose des la conference d’ouverture et par plusieurs autres intervenants, a consiste a completer l’objectif d’emploi en ciblant tout autant le travail, sa realisation, son contenu et son sens. L’idee de « maintien » s’est ainsi couplee avec celle de « soutien » : il s’agit d’examiner comment, au regard d’eventuelles difficultes liees a des troubles de sante, il est possible de preserver la construction, le developpement et la mobilisation de l’experience professionnelle, les strategies de travail de chacun-e. Un deuxieme deplacement, lie au precedent, a consiste a inscrire ces reflexions dans une perspective de long terme ou s’articulent les itineraires personnels (et la redefinition, a ce propos, des projets individuels), avec l’histoire des entreprises et des metiers. De ce point de vue, la constitution, trop rare, d’une « memoire » de l’entreprise sur ses propres pratiques d’affectation et d’amenagement des situations de travail, est une piste que certaines interventions ont permis d’explorer. Un troisieme, lui aussi coherent avec les deux autres, etait de ne pas s’en tenir aux facettes les plus apparentes de ces questions de « gestion des deficiences de sante ». Les diagnostics etablis, les dispositifs dedies, les decisions formelles de reaffectation (ou, au pire, d’exclusion), mais aussi les correlations statistiques entre degradations de la sante et sortie plus ou moins prolongee de l’emploi, balisent une partie des problemes a traiter, mais une partie seulement. Des situations moins visibles, au moins dans l’immediat, comme une poursuite tres difficile du meme travail, ou certaines formes d’inactivite forcee, meritent autant d’interet. Il en resulte que les acteurs concernes sont bien plus nombreux que ceux assignes par leur fonction a la prevention professionnelle ou a la gestion des parcours. En adoptant ces approches, les interventions et les echanges de ce seminaire ont confirme, s’il en etait besoin, que l’attention portee aux individus concernes par des « problemes de sante » ne constitue pas – ou ne devrait pas constituer - une zone a part dans la reflexion des entreprises et des administrations.
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