Le refus du dépistage VIH prénatal : étude de cas à Abidjan (Côte d'Ivoire)

2007 
En Afrique, un des obstacles a la prevention de la transmission du VIH reste l’insuffisance du depistage. La faible proportion de personnes connaissant leur statut serologique, sur ce continent, tient en partie aux reticences des individus a effectuer cette demarche. Le developpement a large echelle de la prevention de la transmission mere-enfant du VIH, rendu maintenant possible par l’existence de traitements peu couteux et faciles a mettre en œuvre, va de pair avec le developpement d’une proposition de depistage VIH prenatal. Dans cet article, nous nous interessons aux femmes qui refusent cette offre de depistage en prenatal, a partir d’informations collectees dans un programme de recherche sur la prevention de la transmission du VIH de la mere a l’enfant, le programme Ditrame Plus mene a Abidjan entre 2001 et 2005. Trois groupes de femmes ont ete suivis pendant 2 ans apres une proposition de depistage prenatal : 347 femmes infectees par le VIH, 393 femmes seronegatives pour le VIH, et 62 femmes ayant refuse d’etre depistees. Ces dernieres avaient une nouvelle proposition de depistage neuf mois apres la grossesse. Des informations quantitatives ont ete recueillies sur les caracteristiques sociodemographiques de ces femmes, et sur leur comportement sexuel et la communication sur les IST, le VIH et le depistage avec leur partenaire masculin avant et apres la grossesse. Des entretiens approfondis sur ces sujets ont ete menes aupres de 15 femmes ayant refuse le depistage. Le groupe des femmes qui ont refuse le depistage a un profil sociodemographique tres proche des femmes qui ont accepte le depistage et qui sont seronegatives. Elles n’ont pas eu de comportements sexuels particulierement a risque. Apres la proposition de depistage prenatal, on observe une augmentation de 23 % de la proportion de celles qui parlent des risques IST/VIH avec leur partenaire, et plus de 9 sur 10 suggerent a ce dernier de se faire depister. Une femme sur cinq a accepte le depistage lorsqu’il a ete repropose dans le post-partum, cette acceptation etant tres liee au depistage du partenaire masculin (RR = 4,05 [1,55–10,58]). Cette etude montre, d’une part que le conseil et depistage VIH proposes en prenatal sont benefiques pour ameliorer la prevention, meme lorsque le depistage est refuse, et d’autre part que la demarche de depistage requiert du temps, et le soutien du partenaire.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    10
    Citations
    NaN
    KQI
    []