Les Historiae Alexandri Magni de Quinte-Curce : le mythe d’Alexandre et la représentation du pouvoir à Rome (Ier siècle ap. J.-C.)

2015 
Considere comme un historien qui sacrifie rigueur et exactitude a son souci de la rhetorique, Quinte-Curce jouit, et avec lui son histoire « romancee », d’une reputation en demi-teinte. Au-dela de faiblesses et d’un melange des genres entre histoire, morale et rhetorique du reste caracteristiques de l’ensemble de l’historiographie romaine, les Historiae Alexandri Magni constituent un temoignage interessant sur la representation du pouvoir a Rome au Ier siecle de n.e. En s’appuyant sur un portrait rigoureusement construit, Quinte-Curce met en relief l’evolution du Conquerant, soumis a la tentation de l’Orient, de la fortune et de ses modeles heroiques. L’historien se livre alors a une veritable entreprise de demystification qui touche la nature meme de cet Orient merveilleux, la fortune providentielle dont se reclame le Macedonien et meme le langage. Sont ainsi condamnes la quete effrenee de gloire que poursuit le roi, et son reve de divinisation : l’Orient est synonyme de renversement generalise des normes et des valeurs, la fortune une illusion conduisant a un sentiment d’impunite. En deconstruisant la propagande d’Alexandre, Quinte-Curce revele alors un autre imaginaire – le sien – en meme temps qu’une ideologie. En filigrane, il propose aussi un ideal du pouvoir qui repose essentiellement sur l’equilibre et sur la responsabilite du prince. Par la, il interroge, au regard des realites politiques de son temps, la pertinence d’un mythe central dans l’imaginaire politique romain et dont l’ombre plane sur tous les ambitieux, a commencer par les empereurs ou les candidats a l’Empire. Son recit bien mene incite donc a une reflexion reelle sur l’exercice du pouvoir, ses enjeux et ses limites.
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