Introduction à « La culture, ça sert aussi à gouverner ? »

2020 
On n’y pense pas toujours – et rarement en premier lieu : la culture, ca sert aussi a gouverner. Comme Malraux ajoutant, a la fin d’un celebre discours reconnaissant la valeur artistique du cinema, qu’il etait « par ailleurs » une industrie – le codicille pouvant apparaitre a certains egards comme plus important que l’enonce principal –, on pourrait affirmer que la culture sert a creer, a communiquer, a comprendre le monde ou soi-meme, a mieux vivre, a se donner une identite ou a se distinguer des autres – et qu’elle est par ailleurs un moyen de gouvernement. Si nous sommes reticents a l’envisager d’emblee, c’est parce que nous avons tendance a penser que la culture – ou l’art, avec quoi elle est souvent confondue – ne devrait servir a rien d’immediatement profitable, qu’elle devrait etre degagee de toute instrumentalisation sociale, economique ou politique, et que c’est meme la definir dans son essence que de lui denier toute utilite directe ou pratique ; ou alors, s’il faut vraiment qu’elle soit bonne a quelque chose ou a quelqu’un, que ce soit a l’epanouissement de l’individu ou a l’emancipation du genre humain, qu’elle soit utilisee, et meme mobilisee pour donner a tous, et d’abord aux plus faibles, les moyens de contester l’ordre etabli. L’art pour l’art ou l’art social ; la culture pour rien ou pour armer les esprits contre les pouvoirs, a la bonne heure ! Mais, gouverner, vraiment ? Vraiment. Les pouvoirs, en particulier celui qui a charge, ou privilege, d’administrer
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