Détection des toxines libres dans les selles et pronostic des infections à C. difficile : Huit années de cohorte prospective

2019 
Introduction C. difficile est la premiere cause de diarrhees acquises a l’hopital. Le tableau clinique des infections a Clostridium difficile (ICD) va d’une diarrhee simple aux formes graves avec colite fulminante, choc septique et deces. La presence de toxines libres (TL) a ete decrite comme significativement associee a une evolution defavorable de l’ICD. Par consequent, seuls les patients presentant des TL fecales devraient etre consideres comme des cas reels d’ICD. Notre objectif est d’evaluer le lien entre la presence au niveau fecal de TL et le pronostic d’ICD. Materiels et methodes Entre fevrier 2011 et aout 2018, une etude de cohorte prospective a ete conduite chez des patients (≥ 18 ans) hospitalises et presentant une diarrhee a C. difficile. L’ICD a ete confirmee par un des algorithmes (Alg) suivants : Alg1 (jusqu’a nov 2011) = test immunoenzymatique (EIA) des toxines A et B + culture systematique ; Alg2 (jusqu’en fevrier 2013) = EIA du glutamate deshydrogenase (GDH) et des toxines A et B puis culture si GDH positive ; Alg3 = test immunochromatographique combine GDH + toxines A et B puis PCR si GDH negative et toxines positives. Les patients ont ete classes dans deux groupes (G) : ICD avec detection de TL dans les selles (G1) et G2 : ICD confirmee par PCR ou culture toxigenique. Les patients inclus ont ete suivis 60 jours (J60) apres le diagnostic d’ICD. Resultats Au total 521 patients ont ete inclus (G1 : 275 [52,8 %] et G2 : 246 [47,2 %]). Cent vingt-huit patients (24,6 %) ont presente au moins une des complications suivantes : colectomie, colite, colite pseudomembraneuse, ileite/rectite, defaillance multiviscerale, ileus, insuffisance renale, megacolon, pancolite, perforation intestinale, peritonite ou choc septique. Le taux de complication etait plus eleve dans le G2 que dans le G1 (25,2 % vs 24 % ; p = 0,75). A la fin du suivi, 99 patients (19 %) sont decedes. Le deces etait lie a l’ICD chez 24 patients (4,6 %) et n’etait pas statistiquement different entre les deux groupes (p = 0,89). Toutefois, la mortalite toutes causes confondues a J60 etait significativement plus elevee dans le groupe G1. A J60, le taux de recidives etait de 11,6 % dans le G1 et de 5,3 % dans le G2 (p = 0,01). Conclusion Les resultats de cette etude de cohorte prospective ne supportent pas l’hypothese stipulant que la detection, par EIA, de TL dans les selles est associee a une forme plus severe d’ICD. Cependant la detection de toxines libres semble associee a une forme plus recidivante. L’association entre la presence au niveau fecal de TL et l’evolution defavorable d’ICD semble liee a la sensibilite de l’Alg de diagnostic. Il convient de noter que la concentration minimale de toxines detectables par le test de cytotoxicite est trois fois moins importante que celle detectee par l’EIA. Des etudes sont necessaires pour determiner les modalites de la prise en charge des patients dont les resultats d’EIA et de PCR sont divergents.
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