Intérêt de la pratique régulière du Qi Gong pour les patients atteints de lupus érythémateux systémique

2021 
Introduction Le Lupus Erythemateux Systemique (LES) est une maladie auto-immune evoluant par poussees. Le stress peut etre un facteur declenchant de ces poussees. Le lien entre le stress, l’activite de la maladie et la qualite de vie de ces patients a deja ete rapporte [1] . Le Qi Gong est une gymnastique traditionnelle chinoise qui repose sur la circulation de l’energie du corps par des mouvements de relaxation, de posture et de respiration. La pratique de cette discipline peut diminuer l’asthenie et ameliorer le sommeil. L’effet benefique de cette pratique a deja ete etudie dans le cancer, le diabete, l’hypertension arterielle et la fibromyalgie [2] , [3] . Aucune donnee n’existe concernant l’interet de la pratique du Qi-Gong dans le lupus systemique. Patients et methodes Nous avons realise une etude pilote, prospective, experimentale, non randomisee et monocentrique entre octobre 2017 et mars 2018, pour savoir si la pratique reguliere du Qi Gong pourrait permettre d’ameliorer la qualite de vie des patients atteints de LES. Les patients repondaient tous aux criteres de l’ARA et/ou SLICC du LES. Ils ont beneficie de deux cours collectifs de 60 mn par semaine pendant trois mois puis d’un cours collectif de 90 mn par semaine pendant trois mois de plus. Les patients ont ete vus en consultation a l’inclusion, puis a 2, 4, 6, 9 et 12 mois. Differents scores d’evaluation et prelevements sanguins etaient prevus a certaines de ces visites. L’objectif principal etait d’evaluer la difference des scores physiques PCS de qualite de vie SF-36 des patients lupiques entre l’inclusion et apres une pratique du Qi-Gong de 6 mois. Les objectifs secondaires etaient d’evaluer : – la difference des scores physiques PCS et des scores mentaux MCS de qualite de vie SF-36 entre l’inclusion et apres 2, 4, 9 et 12 mois ; – la difference des scores de qualite de vie specifique Lupus QoL entre l’inclusion et apres 6 mois ; – la difference de l’activite du LES via le SLEDAI entre l’inclusion et apres 2, 4, 6, 9 et 12 mois ; – la difference des scores de la douleur (EVA), de la detresse psychologique (MADRS), de la fatigue (FSS), du sommeil (PSQI) et de la sexualite (FSFI) entre l’inclusion et apres 2, 4 et 6 mois ; – la difference de dose d’immunosuppresseurs entre l’inclusion et apres 6 mois. Resultats Nous avons etudie 33 patients (30 femmes) d’âge moyen de 45 ± 13 ans. La duree de la maladie etait en moyenne de 13 ± 9 ans. Dans leur histoire, l’atteinte cutaneo-articulaire etait survenue dans respectivement 88 et 91 % des cas et l’atteinte renale dans 30 % des cas. Sept patients (21 %) avaient un SAPL associe. Au 6e mois (M6), l’atteinte cutanee n’etait plus active chez les trois patients qui en presentaient initialement et l’atteinte articulaire restait active que chez deux des 7 patients qui en presentaient une a l’inclusion. Biologiquement, il n’y avait pas de difference significative entre l’inclusion et le 6e mois concernant le taux de creatinine, d’ADN-natif, de la fraction C3 et C4 du complement. La proteinurie avait tendance a diminuer (300 ± 900 contre 200 ± 600 mg/g de creatinine, p = 0,053) et le CH50 etait significativement moins bas a M6 (548,8 ± 130,5 contre 618±134 UI/L, p = 0,0012). Concernant les scores de qualites de vie, on notait une amelioration significative entre l’inclusion et M6 du score mental du SF-36 (42,1 ± 10,2 contre 49,1 ± 10,5, p = 0,0022), de l’EVA (2,3 ± 2,4 contre 1,4 ± 1,9, p = 0,0335), du FSS (36,9 ± 15,8 contre 29,4 ± 14,7, p = 0,0081) et du PSQI (7,3 ± 4,5 contre 6,0 ± 4,0 p = 0,0167). Le lupus Qol etait significativement ameliore a M6 dans les domaines de la sante physique (78,9 ± 17,4 contre 86,2 ± 14,3, p = 0,0186), de la douleur (74,7 ± 22,6 contre 86,4 ± 15,9, p = 0,0141) et du sentiment d’etre un fardeau pour les autres (76,1 ± 23,2 contre 83±20,7, p = 0,0494). On notait une perte significative du benefice du Qi Gong pour l’EVA (p = 0,378) et le FSS (p = 0,615) des M9, trois mois apres l’arret de l’intervention et pour le PSQI (p = 0,530) a M12. En revanche le score mental du SF-36 restait significativement ameliore a M9 (p = 0,0003) et a M12 (p = 0,005). Conclusion Au cours du LES, un etat de stress mineur ou majeur peut entrainer des douleurs residuelles, une asthenie ou un etat depressif persistant et ce, malgre un controle pharmacologique de la maladie basee sur des criteres cliniques et paracliniques objectifs. Les resultats de ce travail suggerent qu’une intervention non pharmacologique, ici le Qi gong, pourrait permettre une amelioration de la qualite de vie de ces patients. Cependant, ces resultats sont a moderer du fait du caractere monocentrique, du faible echantillon de l’etude et de la courte duree de la pratique. Seule une etude multicentrique nationale pourra fournir des reponses plus precises sur l’interet de ce type d’intervention dans cette pathologie.
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