Le sommeil et la neuropsychologie du contrôle de la prise alimentaire

2021 
Bien que la restriction du sommeil entraine souvent une augmentation de l'apport energetique (AE), une grande variabilite interindividuelle est egalement observee. Ceci suggere que des caracteristiques propres aux individus pourraient influencer l'AE en situation de manque de sommeil. L'objectif de cet essai est d'explorer le role des caracteristiques generalement associees a la prise de risque (sensibilite a la recompense, traits de personnalite tels que l'impulsivite et la recherche de sensations) et des attitudes implicites envers la nourriture dans l’impact d’une restriction de sommeil sur l’AE. Dix-huit participants (12 hommes ; 18-33 ans) ont complete un inventaire de personnalite (NEO-PI-3), un test d'association implicite (TAI) mesurant les attitudes implicites envers les aliments consideres « sante » et « peu sante » ainsi qu’un questionnaire sur la sensibilite aux punitions et la sensibilite aux recompenses (SPSRQ). L'AE sur 24h a ete evalue apres une nuit de sommeil habituelle, une nuit de restriction de 50% du sommeil avec une heure de reveil devancee et une restriction de 50% du sommeil avec une heure de coucher retardee. La difference dans l'AE entre chaque condition de restriction de sommeil et la condition controle (∆AE) a ete calculee pour chaque participant. Le sommeil a ete evalue a l'aide d'une polysomnographie standard. Enfin, l’Iowa Gambling Task (IGT), un test qui evalue la prise de decision, a ete administre a midi uniquement apres la condition controle et la condition leve-tot afin d'eviter un effet d'apprentissage. Malgre l'absence de changement dans l'AE globale apres la perte de sommeil, les resultats ont montre de grandes variations interindividuelles (de -669 a +899 kcal). Nos resultats montrent egalement que les participants ont fait des choix plus risques a l’IGT apres une restriction de sommeil et que les performances etaient inversement associees a la quantite et a la diminution du sommeil paradoxal. Le trait d’impulsivite etait positivement associe aux choix plus risques dans la condition controle, mais n’etait pas associe a ∆AE. Le trait de recherche de sensation n’etait pas associe aux performances a l’IGT, mais etait inversement associe a ∆AE apres la perte de sommeil. Enfin, une attitude plus positive envers les aliments « peu sante » etaient egalement positivement associee a ∆AE, mais seulement dans la condition leve-tot. En somme, nos resultats supportent que le manque de sommeil altere les processus mentaux de prise de decision et qu’une grande variabilite interindividuelle est retrouvee dans l’impact d’un manque de sommeil sur l’AE. Toutefois, bien qu’un profil specifiquement associe a la prise de risque ne semble pas expliquer cette variabilite, les resultats suggerent que les traits de personnalite et les attitudes implicites envers la nourriture sont des facteurs cles a considerer pour expliquer les variations de l'AE apres une perte de sommeil, surtout lorsque la perte survient a la fin de la nuit.
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