Étude des mouvements anormaux dans une population non sélectionnée de patients ambulatoires souffrant de schizophrénie

2016 
La schizophrenie atteint 1% de la population mondiale et est responsable de nombreuses depenses de sante. La schizophrenie recouvre une importante heterogeneite clinique. Aucun symptome n’est caracteristique de ce trouble. Il n’existe a ce jour aucun examen biologique ou radiologique pathognomonique de cette affection. Le diagnostic repose donc sur un faisceau d’arguments cliniques et, en particulier, sur l’association de trois grandes dimensions de symptomes : positifs, negatifs et desorganises. Leur presence doit etre observee pendant une duree suffisante et induire un impact fonctionnel majeur. Il existe une 4e dimension dite neurocognitive. En effet, 70 a 80% des patients schizophrenes souffrent de troubles cognitifs en particulier de l’attention, de la memoire et des fonctions executives. La stabilite des symptomes dans le temps permet de distinguer la schizophrenie des pathologies mentales cycliques. De meme l’association de symptomes positifs a des symptomes negatifs et/ou a une desorganisation permet de distinguer la schizophrenie d’un trouble delirant. Enfin, il est important de savoir rechercher un diagnostic differentiel organique devant une suspicion clinique de schizophrenie. La schizophrenie est associee a une morbi-mortalite medicale importante avec une esperance de vie diminuee de 10 a 15 ans. Le traitement de la schizophrenie est necessaire pour eviter les rechutes et minimiser les consequences sociales de la maladie. Le traitement du premier episode schizophrenique est essentiel pour limiter le handicap a long terme. Les neuroleptiques (NL) sont le principal traitement de la schizophrenie. Les NL de premiere generation (NLPG) ou typiques et de facon plus recente les NL de deuxieme generation (NLDG) ou atypiques sont efficaces sur les symptomes positifs. Neanmoins les NLPG sont responsables plus frequemment d’effets indesirables, notamment de syndromes extra-pyramidaux et de dyskinesies tardives, que les NLDG tandis que ces derniers entrainent une prise de poids plus importante. Les syndromes parkinsoniens iatrogenes (ou drug induced parkinsonism « DIP ») sont frequemment decrits chez des patients traites par neuroleptique et se developpent lors de l’exposition aux NL. Apres arret des drogues, la majorite des patients voit leurs symptomes regresser en quelques mois. Mais dans certains cas, les patients ne recuperent pas suggerant un possible developpement d’une veritable maladie de Parkinson (MP). Plusieurs questions se posent devant ces observations. Comment distinguer les syndromes parkinsoniens iatrogenes des veritables MP ? Les schizophrenes developpent-ils une MP ou ont-ils un stade preclinique parkinsonien revele par les NL ? Les NL sont-ils toxiques a long terme sur la voie nigrostriee ? Si oui, est-ce que certaines classes sont plus toxiques que d’autres ? Chez des schizophrenes avec syndrome parkinsonien et des anomalies au DAT scan, peut-on envisager une DOPA therapie au risque de les aggraver sur le plan psychiatrique? Quelles hypotheses pouvons-nous faire ? Premierement, certaines caracteristiques cliniques permettent de diagnostiquer un DIP plutot qu’une MP : syndrome parkinsonien bilateral, presence de dyskinesies bucco-linguo-masticatoires. Deuxiemement, meme si apres arret des NL, la majorite des patients voit leur DIP s’ameliorer en quelques mois, une minorite d’entre eux voit leurs symptomes parkinsoniens persister voir s’aggraver suggerant l’hypothese d’une degenerescence de la voie nigrostriee . Cette hypothese est confortee par la realisation d’etudes qui ont montre des anomalies a la scintigraphie cerebrale utilisant des radioligands agonistes dopaminergiques ou du transporteur presynaptique (DAT scan) chez des patients schizophrenes exposes a des agents bloqueurs des recepteurs dopaminergiques ayant developpe un syndrome parkinsonien suggerant l’hypothese d’une denervation dopaminergique presynaptique en dehors d’un bl! ocage des recepteurs post synaptiques D2 induit par les NL. Troisiemement, des etudes suggerent une possible neurotoxicite des NL sur les neurones dopaminergiques aboutissant a la mort neuronale. Pour aller plus loin cette neurotoxicite s’exprimerait chez des patients avec une susceptibilite genetique. Ceci pouvant expliquer le haut pourcentage de patients developpant un syndrome parkinsonien apres exposition aux NL parmi ceux avec DIP mais aussi le developpement d’une MP chez des patients traites auparavant par des NL mais n’ayant pas developpe de syndrome parkinsonien sous NL. Les deux objectifs de notre etude sont, dans un premier temps, de faire la synthese de la litterature sur les mouvements anormaux chez des patients schizophrenes, notamment le syndrome parkinsonien iatrogene, et, dans un second temps, d’analyser les donnees de patients schizophrenes suivis dans les differents Centres de Reference francais de la schizophrenie.
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