Déhydroépiandrostérone (DHEA) : pilule de jouvence ou simple précurseur des stéroïdes sexuels ?

Le sulfate de dehydroepiandrosterone (SDHEA) est un precurseur androgenique produit dans les deux sexes par les surrenales. C'est le steroide dont la concentration plasmatique est la plus elevee mais dont le role reste mal connu. La forme libre, DHEA, et la forme sulfo-conjuguee, SDHEA, sont en interconversion metabolique permanente dans l'organisme (figure 1). Une des caracteristiques essentielles du SDHEA est l'evolution de sa concentration plasmatique au cours de la vie. Au cours de la petite enfance les concentrations plasmatiques sont tres basses. L'adrenarche, survenue vers l'âge de 8-9 ans est marquee par une augmentation des androgenes de la surrenale et notamment du SDHEA. Les concentrations plasmatiques les plus elevees s'observent entre 15 et 45 ans, puis decroissent pour atteindre des niveaux plus faibles apres 60 ans. Le vieillissement est donc associe a une diminution du SDHEA. Une offensive mediatique sans precedent, dirigee directement vers le grand public se developpe en France et outre-Atlantique en faveur de la consommation sans restriction chez les personnes âgees de DHEA [1]. Le concept de base proclame est le suivant : la baisse de la DHEA avec l'âge serait responsable de la morbidite liee au vieillissement. Une prevention serait donc possible par l'administration, a doses substitutives, de ce steroide aux personnes âgees. La DHEA serait une pilule de jouvence ou anti-vieillissement. Il nous a paru utile dans ce contexte de faire le point sur la secretion et le metabolisme de ce steroide surrenalien ce qui permettra de mieux comprendre les consequences potentielles de sa carence ainsi que les effets qu'on peut attendre d'un traitement par la DHEA.