Une plante génétiquement modifiée au service des pays pauvres

2005 
Auteur(s) : N. Cuervo Laboratoire de virologie, Hopital Saint‐Vincent‐de‐Paul, Paris Rubrique coordonnee par Dominique Challine hepatite B, vaccin Malgre l’existence d’un vaccin injectable contre le virus de l’hepatite B, de nouvelles contaminations et des deces dus a ce virus continuent d’avoir lieu. Une circulation endemique est observee dans certains pays ou le vaccin n’est pas disponible, soit a cause de son prix eleve, soit a cause de ses difficiles conditions de conservation. Il s’avere urgent pour les pays pauvres de disposer d’un vaccin moins cher, d’administration et de conservation faciles. Un vaccin oral serait une bonne alternative. Une nouvelle strategie de production des vaccins permettrait d’y parvenir : la modification genetique des plantes de pomme de terre produisant des tubercules exprimant l’antigene HBs (AgHBs). – • La premiere question qui releve de cette approche vaccinale est de savoir si un vaccin contre un micro‐organisme non enterique administre par voie orale pourrait provoquer une reponse immunitaire capable de prevenir la maladie. Cette etude a pour but d’evaluer l’efficacite de cette perspective vaccinale. Pour cela, des plantes de pomme de terre de la variete Solanum tuberosum ont ete transformees avec l’Agrobacterium tumefaciens contenant le plasmide pHB114 portant le gene de l’AgHBs. Les plantes ainsi transformees ont ete propagees clonalement dans des serres, jusqu’a production des tubercules qui serviront ulterieurement de « vaccin » pour realiser l’essai clinique. Les volontaires choisis pour cette etude avaient recu auparavant (10 a 15 ans) 3 doses du vaccin contre l’hepatite B et possedaient des titres d’anticorps anti‐HBs entre 10 et 115 mUI\ml. Leur groupe a ete divise en trois : le premier a mange des pommes de terre non modifiees, le deuxieme et le troisieme ont mange respectivement deux et trois doses de pommes de terre modifiees. – • Avant ingestion, les pommes de terre ont ete epluchees, coupees en morceaux et mises dans de l’eau froide afin d’eviter leur oxydation. Chaque participant en a mange entre 100 et 115 g de pomme de terre modifiee contenant environ 8,5 ± 2,1 mg d’AgHBs par gramme. Le titre d’anticorps anti‐HBs a ete mesure pour chaque volontaire aux jours 0, 7, 14, 21, 28, 35, 42, 56 et 70, apres ingestion. – • Les resultats montrent que ces titres ont augmente chez 60 % des participants a l’essai, jusqu’a 56 fois pour le groupe 3 qui a recu 2 doses et jusqu’a 33 fois pour le groupe 3 qui a recu trois doses. Ils sont tres encourageants puisque le vaccin a ete administre sans adjuvant et que l’AgHBs provient d’un agent pathogene non enterique qui a ete administre oralement. – • L’absence de reponse, observee chez 40 % des sujets, pourrait etre due a des conditions particulieres de pH dans l’estomac. De futurs essais avec l’addition d’un adjuvant et d’autres types de plantes sont envisages par les auteurs. – • Cet essai vaccinal ouvre une veritable porte d’entree a la vaccination de masse contre le virus de l’hepatite B dans les pays pauvres car ce virus continue a faire des ravages. Reference1 . Thanavala Y, Mahoney M, Pal S, et al. Immunogenicity in humans of an edible vaccine for hepatitis B. Proc Natl Acad Sci USA 2005 ; 102 : 3378‐82.
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