Présentation de la population accueillie et soignée en France dans les centres de soins de « Médecins du Monde ». Discussion

Depuis 11 ans, la Mission France de Medecins du Monde tente de repondre aux besoins d'une partie de la population exclue de l'acces aux soins. En 1996, 72 000 consultations ont ete effectuees dans les 31 centres de soins gratuits mis en place dans 31 villes de France. Quelle est cette population ? Jeune (plus de la moitie a moins de 30 ans, 10 % sont mineurs), des hommes dans deux tiers des cas, vivant seuls pour 80 % d'entre-eux. De quoi vivent-ils ? Pres de 65 % vivent avec moins de 20 francs par jour (provenant d'aides de proximite ou de prestations sociales); 54 % sont declares sans emploi. Quant au logement, seuls un quart d'entre-eux disposent d'un domicile fixe (dans ce cas il s'agit le plus souvent de femmes ). Les autres vivent dans des centres d'accueil, des logements de fortune, a l'hotel, ou sont heberges par des proches ; 13 % declarent vivre dans la rue. Pourquoi viennent-ils consulter ? La majorite des pathologies observees sont celles que l'on retrouve dans tout centre de soins : infections O.R.L., broncho-pulmonaires, gynecologiques. Leur particularite tient du fait qu'elles sont vues plus tard, donc les formes sont evoluees et plus graves. Les conditions de vie de cette population expliquent la frequence elevee des problemes cutanes (12 %) et des troubles neuro-psychologiques (15 %). Pourquoi s'adressent-ils a Medecins du Monde ? Un quart des patients beneficie pourtant de prestations sociales, mais ils se trouvent dans l'impossibilite, soit d'assurer l'avance des frais medicaux, soit de supporter l'insuffisance des remboursements accordes par l'assurance maladie. Quarante pour cent n'ont aucune couverture sociale. Les autres motifs (dossier en attente, droits hors du departement, refus des demarches, ignorance des droits etc. ) sont evoques beaucoup moins frequemment (1 a 7% ). La population n'ayant pas acces aux soins reste encore mal connue. C'est pourquoi les informations recueillies sont precieuses. Elles permettent de mieux qualifier la demande de ces patients et, par la, de contribuer a une meilleure comprehension du phenomene «d'exclusion sociale» dans le champ de la sante.