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Quand la COVID-19 nous défrise

2020 
Introduction L’effluvium telogene (ET) est la cause d’alopecie acquise diffuse la plus frequente, qui resulte de l’arret precoce de la phase anagene des cheveux, couple a l’acceleration de la phase telogene. Une alopecie diffuse non cicatricielle apparait en trois mois, suivie d’une amelioration spontanee s’observant en six mois, bien que des formes chroniques soient rapportees. Les etiologies de l’ET sont la carence martiale, les dysthyroidies, le post-partum, les medicaments et il semble favorise par les emotions (stress). La pandemie de COVID-19 est une crise sanitaire majeure de part son envergure, sa mediatisation, ses consequences sanitaires et medico-economiques. Les mesures preventives pour limiter la transmission du virus, notamment le confinement, ont ete vecues comme un facteur de stress majeur responsable d’une augmentation des besoins de prise en charge en psychiatrie. Ainsi, nous decrivons le cas d’une patiente de 55 ans souffrant d’ET post-infection grave a COVID-19. Observation Une patiente, âgee de 55 ans, aux antecedents d’obesite, de dyslipidemie, de diabete de type 2, de tabagisme actif, d’hypothyroidie et d’asthme allergique etait hospitalisee pour un bilan d’alopecie associees a des dysesthesies du cuir chevelu. Son traitement comportait budesonide formoterol, salbutamol, metformine et L-thyroxine. En avril 2020, elle etait hospitalisee en reanimation pour une infection a SARS-COV, confirmee par PCR positive et un scanner thoracique retrouvant une atteinte moderee du parenchyme pulmonaire (25 %), necessitant une intubation orotracheale pendant 6 jours. Un traitement par hydroxychloroquine et azithromycine avait ete instaure, puis arrete compte tenu d’un allongement du QT a 48 heures, suivi d’un relais par methylprednisolone pendant 3 jours, arrete pour une colonisation pulmonaire a meningocoque traitee par tazocilline et cefotaxime. L’evolution avait ete favorable avec une guerison complete. Fin juin 2020, la patiente constatait une perte importante de cheveux associee a des dysesthesies du cuir chevelu. L’examen clinique retrouvait une alopecie diffuse avec un respect des sourcils, pas d’alopecie androgenique et pas d’autres lesions dermatologiques. L’examen trichospcopique ne retrouvait pas de zone d’alopecie cicatricielle. Le bilan biologique etait sans anomalie : notamment pas d’anemie, de syndrome inflammatoire, de dysthyroidie (TSH 2,42 UI/L), de dysimmunite, d’insuffisance renale ou hepatique et de carence nutritionnelle (ferritine 148 mg/L, folates 3,21 microgrammes/L, zinc 11,4 μmol/L [11–24]). Le terrain anxieux, le delai d’apparition (3 mois), la clinique, l’aspect en trichoscopie et l’absence de causes secondaires avaient conclu au diagnostic d’effluvium telogene post-COVID-19. Une supplementation empirique par vitamine B12 et Zinc etait initiee pendant un mois. Discussion Les manifestations dermatologiques de la COVID-19 ont principalement inclus des acrosyndromes, dont des engelures, des necroses, des erythemes maculopapulaires du visage, des lesions urticariennes et des dermites d’irritation, mais peu d’atteinte des phaneres. Une plus grande incidence des alopecies androgeniques (signe de Grabin), resultant d’un hyperandrogenisme associee a une sensibilite a la COVID-19, a ete rapportee dans les formes severes [1] et n’etait pas presente chez notre patiente. Par ailleurs, une enquete avec 563 web-questionnaire a propos des dermatoses « induite par le stress » dans le contexte du confinement retrouvait principalement un ET (27,9 %), suivi de dermatite seborrheique (19,9 %) et d’alopecia areata du scalp (2,8 %) [2] . L’ET etait plus frequent chez les femmes. Dans notre observation, les medicaments (methylprednisolone) pourraient favoriser l’ET. Conclusion Au-dela du caractere anecdotique de cette premiere description d’ET post-COVID-19, qui reste une pathologie benigne, notre observation souligne l’impact sanitaire anxiogene a moyen et long terme de la pandemie de COVID-19 qui pourrait engendrer une augmentation des consultations pour des pathologies inflammatoires ou fonctionnelles, eventuellement sous la forme d’etat de stress post-traumatique.
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