Dermatose éosinophilique figurée révélatrice d’un carcinome épidermoïde de l’ethmoïde : un nouveau syndrome paranéoplasique ?

2017 
Introduction Les dermatoses eosinophiliques representent un groupe heterogene de dermatoses caracterisees par une eosinophilie tissulaire marquee. En mettant a part le syndrome hypereosinophilique, une association avec des hemopathies lymphoides a ete largement decrite dans la litterature, beaucoup plus exceptionnellement avec des cancers solides. Nous rapportons le cas d’un patient avec une dermatose eosinophilique d’aspect anatomoclinique original ayant revele un carcinome de l’ethmoide. Observation Un homme de 73 ans consultait pour une dermatose evoluant depuis plusieurs semaines. Il avait comme antecedent un cancer de la prostate localise diagnostique 3 mois auparavant et traite par radiotherapie. Peu apres, une eruption cutanee prurigineuse debutait. Apres un temps de lesions elementaires eczematiformes et micro-bulleuses, l’evolution se faisait vers des plaques fixes a contours circines d’aspect tres figure siegeant sur le tronc et les membres ; le visage, le cuir chevelu et les paumes et plantes etaient respectes. Il avait une hypereosinophilie fluctuante (jusqu’a 5000/mm 3 ). Plusieurs biopsies cutanees montraient une spongiose a eosinophiles avec formation de vesicules comblees par des eosinophiles et infiltrat dermique majoritairement compose des memes cellules. Les IFD etaient negatives. La recherche d’anticorps antinucleaires, anti-ENA, anti-BP 180 et 230, anti-desmogleine 1 et 3 et anti-envoplakine etait negative, de meme que le transcrit de fusion FIP1L1-PDGFRA. Une biopsie osteomedullaire montrait une hyperplasie eosinophile sans proliferation myeloide ni lymphoide. Un scanner corps entier revelait une formation tumorale ethmoidale posterieure avec envahissement de la cavite orbitaire et de la base du crâne, que l’histologie rapportait a un carcinome epidermoide. Une corticotherapie locale type pemphigoide etait inefficace, de meme que la dapsone. Sous 1 mg/kg/jour de prednisone puis chimiotherapie par docetaxel, cisplatine et 5-FU, la dermatose disparaissait. Le deces survenait 15 mois plus tard en rapport avec une progression cerebrale, sans recidive de la dermatose ( Fig. 1 et 2 ). Discussion Une spongiose a eosinophiles, qui constituait le signe histologique au premier plan chez notre patient, a ete decrite au cours de nombreuses dermatoses inflammatoires, mais pas dans un contexte paraneoplasique. Sur le plan clinique, le tableau evoquait par certains cotes un erythema gyratum repens mais l’histologie de cette entite, qui ne comporte pas d’eosinophiles, est differente. Si une dermatose eosinophilique peut etre associee a des hemopathies notamment une leucemie lymphoide chronique, l’association a un cancer solide n’a ete qu’exceptionnellement rapportee dans la litterature, et jamais a notre connaissance avec un tel tableau anatomoclinique. Conclusion Devant une spongiose a eosinophiles inexpliquee, la recherche d’un cancer solide est a envisager.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []