Le syndrome de Lyell idiopathique a-t-il une origine médicamenteuse alimentaire ? Exemple de la phénylbutazone et de ses métabolites

2015 
Introduction La necrolyse epidermique toxique et le syndrome de Stevens-Johnson (NET–SJS) sont des toxidermies severes associees a une origine medicamenteuse clairement demontree dans 70 % des cas et avec une molecule potentiellement incriminable dans 20 % des cas. Les NET–SJS sans aucun medicament incriminable sont qualifies d’« idiopathiques ». La phenylbutazone (PBZ) est un anti-inflammatoire non steroidien (AINS) a haut risque de NET–SJS. Sa prescription est restreinte depuis 2011 a l’usage veterinaire, notamment les bovins et chevaux, et par consequent, la PBZ est in fine trouvee dans les viandes et le lait. L’objectif de ce travail etait d’evaluer la presence de PBZ et/ou de ses metabolites dans les prelevements sanguins de patients NET–SJS idiopathiques. Materiel et methodes Les patients du registre RegiSCAR ayant un NET–SJS confirme et sans etiologie medicamenteuse, ont ete identifies et leurs prelevements sanguins analyses. Un groupe temoin de 25 patients ayant un NET–SJS confirme avec etiologie medicamenteuse a ete constitue. Des dosages simultanes de PBZ, oxyphenbutazone (OPZ) et de suxibuzone (SBZ) ont ete realises chez tous les patients par chromatographie liquide couplee a un spectrometre de masse triple quadrupole selon une methodologie validee au laboratoire suivant les recommandations de l’EMA. La limite de quantification etait de 0,01 mg/L. La PBZ, l’OPB et le SBZ ont ete quantifies apres alcalinisation des serums, extraction liquide–liquide au methyltertbutylether, puis concentration par evaporation sous azote et reprise par la phase mobile. L’etalon interne etait le diclofenac. Les etalons utilises pour quantifier etaient compris entre 0,01 et 5 mg/L. Chaque serie de dosage a ete validee au moyen de 3 temoins internes de qualite de concentration 0,025, 0,25 et 2,5 mg/L. Resultats Au total, 5 patients presentant un NET–SJS idiopathique et 25 patients temoins, a NET–SJS medicamenteux, ont ete inclus dans l’etude. Leurs caracteristiques demographiques et cliniques sont detaillees en table 1. Les concentrations de PBZ, d’OPZ et de SBZ etaient inferieures a 0,01 mg/L chez tous les patients quelle que soit l’origine de leur NET–SJS, medicamenteuse ou idiopathique. Discussion Cette etude a mis en evidence une absence de detection serique de PBZ et de ses metabolites chez des patients NET–SJS avec ( n  = 25) ou sans etiologie medicamenteuse ( n  = 5). Le role d’un agent medicamenteux present dans l’alimentation aurait pu dans le contexte de NET–SJS idiopathique etre discute. En effet, parmi les molecules presentes dans la viande et ses derives, la PBZ est encore frequemment utilisee et se caracterise par une demi-vie d’elimination de 50 a 105 heures chez l’homme. Conclusion La PBZ et ses metabolites, potentiellement presents dans l’alimentation, ne jouent pas de role inducteur dans une serie de 5 patients presentant un NET-SJS idiopathique.
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