La sauvegarde de l'être-dément : écrire versus agir

2013 
S’alleger pour se sentir vivre sonne a la maniere d’un adage philosophique. C’est pourtant une thematique pleinement exploitable dans la problematique dementielle, affection neuro-degenerative caracterisee par une perte massive de neurones et des perturbations cognitives multiples. Au stade severe de la pathologie, le declin du capital cognitif associe a la perte d’acuite des sens prive le sujet d’une relation efficiente a son monde interne ainsi qu’a la realite environnementale. L’entrave a l’activite symbolique et representative que cette deconnexion implique, entraine un profond remaniement au niveau des structures et des operations intrapsychiques, tel que le patient fait progressivement l’epreuve d’une interruption de la continuite d’existence qui le mene a la detresse. Il se trouve que le non-etre est une realite paradoxale dans la mesure ou il provient d’un exces de vivant inherent a la brutalite de la pulsion que le sujet ne parvient plus a canaliser. Le debordement devient ainsi l’equivalent d’une annihilation, a moins que le malade ne parvienne a experimenter d’autres voies de decharge. L’agir comportemental est une ebauche de solution, dans le sens ou l’election d’une partie du corps sur laquelle concentrer la tension constitue une issue au pulsionnel. Mais ce recours rencontre rapidement une impasse lorsque l’agir se fait le lieu de violents enjeux de jouissance dans lesquels la repetition devient mortifere. L’ecriture, proposee ici dans le cadre d’un atelier, constituerait un palliatif moins couteux, puisque ce travail suscite une translation de l’investissement pulsionnel vers le corps du texte, mouvement apte a soulager le corps de maniere au moins provisoire, dans l’optique de reconstituer les pourtours de l’etre.
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