Premier cas de phaeohyphomycose à Pleurostoma ootheca chez un greffé rénal en Martinique

2014 
Introduction Les phaeohyphomycoses sont des mycoses profondes opportunistes dues a des champignons pigmentes du groupe des dematies. Bien qu’ubiquitaires, ces infections sont plus frequentes dans les pays tropicaux. Nous rapportons la premiere observation de phaeohyphomycose a Pleurostoma ootheca ( P. ootheca ) survenue chez un patient ayant eu une greffe renale en Martinique (Antilles Francaises). Observations Un homme de 59 ans, transplante renal depuis 14 ans, traite par immunosuppresseurs (mycophenolate mofetil, tacrolimus et prednisone), presentait une tumefaction douloureuse percee de clapiers purulents en regard de la malleole externe gauche, et evoluant depuis 1 mois, malgre un traitement par amoxicilline-acide clavulanique de 3 semaines. Le patient etait apyretique, sans syndrome inflammatoire biologique. Les prelevements bacteriologiques et mycobacteriologiques etaient negatifs. L’examen histopathologique de la lesion montrait des granulomes epithelioides et giganto-cellulaires necrosants non caseeux, et des filaments septes. La culture d’un fragment cutane sur milieu de Sabouraud, isolait des colonies noires en cocarde. L’analyse en biologie moleculaire (Centre national de reference des mycoses et des antifongiques [CNRMA], Institut Pasteur, Paris) permettait l’identification de P. ootheca . L’IRM de la cheville gauche decelait un epaississement du tendon achilleen et une necrose de l’os naviculaire. Le diagnostic de phaeohyphomycose cutanee, tendineuse et osseuse a P. ootheca etait pose. Un traitement adapte a l’antifongigramme par posaconazole permettait une evolution favorable a 8 mois de traitement. Discussion Il s’agit de la 1 re description d’infection humaine avec cet agent pathogene. Identifie par Barr en 1985, P. ootheca est un champignon saprophyte des vegetaux en decomposition. Les immunodeprimes, dont les transplantes d’organe sont a risque de developper des infections diverses comme les phaeohypomycoses, pouvant prendre des aspects cliniques tres differents et etre en lien avec des germes varies. Les antifongiques azoles posent, dans notre cas, le probleme des interactions medicamenteuses avec le tacrolimus. Conclusion Notre observation rappelle la necessite d’une surveillance dermatologique rapprochee de toute lesion cutaneo-muqueuse persistante ou inhabituelle, survenant chez des immunodeprimes. Des prelevements repetes a la recherche de champignons, bacteries, mycobacteries, virus ou parasites doivent etre faits pour ne pas meconnaitre une infection peu frequente et potentiellement grave.
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