L’agriculture urbaine en Afrique, entre représentations des citadins et action publique : y a-t-il congruence entre nature vécue et nature agie ?

2018 
En France et plus largement en Europe, comme au Portugal, on assiste aujourd’hui a un veritable « boom de l’agriculture urbaine », selon le titre d’un article paru dans CNRS Le Journal : les citadins sont en demande de cette nature « nourriciere » et l’interet des collectivites publiques apparait grandissant. On peut alors parler d’une congruence entre « nature vecue » et « nature agie », entre les representations, les souhaits des citadins et les actions et strategies des decideurs. Mais est-il de meme partout ? En l’occurrence, l’agriculture urbaine jouit-elle toujours d’une vision positive ? Y a-t-il a son sujet une concordance des points de vue ? N’y a-t-il pas a l’inverse de possibles desaccords, des hiatus entre citadins et decideurs ? Nos recherches, conduites dans le cadre d’un projet finance par le Reseau national des MSH, se sont focalisees sur Ouagadougou (Burkina Faso). Nous y avons mene des observations in situ, des entretiens aupres d’agriculteurs et de decideurs, completes par une analyse de documents dont le Schema directeur d’Amenagement horizon 2025. Dans la capitale du Burkina Faso, l’agriculture urbaine et peri-urbaine a connu une tres forte progression de ses surfaces (+ 255 % en 13 ans) ; elle occupe une place croissante dans le quotidien d’une part non negligeable des urbains – et pas seulement des plus pauvres – mais aussi dans l’approvisionnement de la ville. Cette nature « nourriciere » est ainsi plebiscitee par les citadins. Pourtant, elle se heurte a des difficultes, notamment a une quasi-interdiction. En effet, elle ne fait actuellement pas partie des choix officiellement possibles pour l’amenagement urbain : comme dans d’autres pays africains, au Burkina Faso, « le beton figure la modernite » (Diop Gueye et al., 2009) et l’agriculture n’est pas consideree comme une activite urbaine. Les autorites ouagalaises denoncent alors les inconvenients de cette agriculture (pollutions, nuisances). Mais leur attitude apparait ambigue : elles condamnent cette derniere mais tout en la tolerant et, plus encore, elles sont meme a l’origine de la creation d’un site maraicher, celui de Kossodo, certes au succes limite. Dans cette communication, nous presenterons les deux points de vue, ceux des agriculteurs et ceux des decideurs.
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