Analyse des réseaux sociaux pour identifier les motifs de l’hésitation vaccinale anti-HPV : une étude infodémiologique

Objectifs La recommandation vaccinale contre l’infection a papillomavirus humain (HPV) est un enjeu mondial de Sante publique. En 2019, la couverture vaccinale de 21 % place la France en derniere position europeenne. Parallelement, les reseaux sociaux sont un espace privilegie pour plus de 32 millions d’internautes actifs. Ces plateformes occupent une place grandissante comme lieu d’expression ou les internautes echangent sur leur sante, leurs preoccupations et souvent sur leur position vis-a-vis de la vaccination. Analyser et comprendre ces messages permettrait d’identifier les leviers associes a la couverture vaccinale anti-HPV. Methode L’etude a ete menee via l’observatoire de la vaccination Evanex® Les messages associes a la vaccination anti-HPV (dataset HPV) ont ete extraits a partir de 23 forums medicaux francais entre 2006 et 2019. Un « Gold Standard » a ete cree via l’annotation de messages afin d’entrainer l’algorithme de detection d’hesitation vaccinale. Une fois applique au dataset HPV, un pre-corpus constitue de messages d’hesitation vaccinale a ete isole. Une annotation manuelle de l’ensemble de ces messages d’interet a ete effectuee afin de caracteriser les facteurs d’hesitation. Resultats Le dataset HPV contenait 12 609 messages uniques rediges par 5117 internautes differents. Un pre-corpus de 3192 messages propre a l’hesitation vaccinale a ete determine algorithmiquement. L’analyse manuelle de ces 3192 messages a permis de caracteriser trois principaux groupes de facteurs d’hesitation vaccinale sur la base de 593 messages (18,6 % du pre-corpus, 4,7 % du dataset HPV). Le premier groupe a pour motif d’hesitation les interactions entre vie sexuelle et vaccination (339 messages 7,5 % pre-corpus). Au sein de celui-ci, les adolescentes s’interrogent sur la necessite du vaccin post-rapports (n = 113) et si un rapport advient entre deux injections (n = 70). Parallelement les partenaires s’interrogent sur les memes thematiques (n = 30). La peur de l’aveu d’une vie sexuelle aux parents est source de preoccupations (n = 126). Le second groupe concerne le manque d’information (196 messages 5,6 % pre-corpus). Ce manque est global (n = 60) et porte sur les recommandations de l’âge de vaccination (n = 15) ou sur les schemas d’injections (n = 16). Nous observons un manque d’information autour de la vaccination et de la virginite (n = 19)/vie sexuelle (n = 86). Le troisieme groupe exprime l’impact nefaste qu’ont les differentes sources exterieures (n = 59). Elles mettent en avant les aspects negatifs qu’auraient les injections (n = 20) et engendrent une peur des effets indesirables (n = 30). Neuf messages evoquent une source medicale deconseillant la vaccination. Appartenant aux groupes 2 et 3, les meres (39 messages) justifient leur hesitation a faire vacciner leur fille par le manque d’informations claires et concordantes. Conclusion Cette etude a permis de mettre en avant l’existence d’une forte communaute d’internautes en debat et en recherche d’information concernant la vaccination anti-HPV. L’analyse du contenu des messages a permis d’isoler deux motifs principaux d’hesitation vaccinale : le manque d’informations et l’impact des relations sexuelles. La comprehension fine de ces facteurs d’hesitation permettrait d’identifier les leviers associes. A des echelles locales, en fonction des comportements et caracteristiques des populations, ce type d’etude infodemiologique pourrait servir les strategies de Sante publique d’amelioration de la couverture vaccinale.