Évaluation cardio-pulmonaire en Santé Travail

2014 
La notion de penibilite sous-entend principalement les caracteristiques d’un poste de travail en termes de contraintes, d’environnement physique ou de rythme de travail (article D. 4121-5 du code du travail) en omettant la prise en compte des capacites physiques ou de vulnerabilites individuelles du salarie, notamment ses capacites cardio-respiratoires. Par consequent, il apparait pertinent de ponderer la penibilite d’un poste de travail par les capacites physiques individuelles du salarie. Ces capacites peuvent etre alterees du fait d’une pathologie, d’un traitement medical ou chirurgical. Ainsi, un traitement par chimiotherapie peut entrainer une alteration des mecanismes du transport peripherique de l’oxygene ; une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une limitation des capacites ventilatoires et musculaires ; un syndrome coronarien aigu (SCA), une diminution de la fraction d’ejection systolique. L’alteration de ces capacites peut etre objectivee grâce a de multiples outils cliniques ou paracliniques afin que le medecin du travail puisse les confronter aux exigences physiques du poste de travail. Une bonne coordination entre le service de Sante au Travail (medecin du travail, ergonome) et les autres acteurs de soins (pneumologues, cardiologues, medecins de Medecine Physique et de Readaptation, ergotherapeutes …) est donc indispensable lors de cette demarche. L’evaluation clinique, premiere etape de cette evaluation, permettra de recueillir et de quantifier l’importance des signes fonctionnels respiratoires ou cardiaques du salarie (dyspnee, douleur thoracique, malaises…) ainsi que les signes physiques centres sur l’auscultation cardio-pulmonaire. La realisation des Explorations Fonctionnelles Respiratoires (EFR) de repos, comprenant une courbe debit-volume et une plethysmographie, evaluera les differents volumes et debits pulmonaires et objectivera un trouble ventilatoire obstructif ou restrictif. L’etude de la fonction de la membrane alveolo-capillaire (D L CO) peut completer ces explorations lors de pathologies touchant principalement le tissu interstitiel pulmonaire. Ces explorations sont realisees au repos et peuvent difficilement predire les anomalies pouvant survenir a l’effort. Des manœuvres cliniques pour tester les capacites du salarie a l’effort sont realisables en consultation comme l’epreuve de Ruffier. En situation de travail, il est possible d’evaluer de facon indirecte le cout cardiaque d’une tâche par le test de recuperation de Brouha qui consiste en la mesure de la frequence cardiaque (F C ) a la 1 re , 2 e et 3 e minute apres la fin de l’activite. L’epreuve d’effort metabolique (EFX) est un examen qui permet l’etude du parcours de l’oxygene (O 2 ) de son inspiration a son utilisation musculaire. Elle peut etre prescrite en raison d’une obligation reglementaire (travail en milieu hyperbare par exemple), pour evaluer la possibilite d’une reprise du travail apres un SCA, ou d’un maintien au poste dans le cadre d’une BPCO evolutive. Les resultats de l’EFX apparaissent, au regard du medecin du travail, comme souvent deconnectes de l’evaluation de la charge physique necessaire a la realisation des tâches du poste de travail. Il est cependant possible d’etablir une correspondance entre la consommation d’oxygene maximale (VO 2 pic) rendue apres realisation d’une EFX et les tâches professionnelles realisables. En effet, la consommation en O 2 du metabolisme de repos est de 3,5 ml/kg/min soit 1 « Metabolic Equivalent of the Task » (1 MET). Ainsi, si un salarie a une VO 2 pic de 14 mL/kg/min, soit 4 MET, il est attendu que ce salarie puisse soutenir une tâche necessitant un effort maximal de 3 MET (3 MET + 1 MET necessaire pour le metabolisme de repos). Le nombre moyen de MET necessaire pour effectuer une tâche professionnelle est disponible dans un precis regulierement mis a jour [1] . A titre d’exemple, un travail de bureau necessite 1,5 MET et l’utilisation d’un marteau piqueur necessite 6,3 MET. Il est possible, en complement de l’EFX, d’obtenir une evaluation indirecte de la VO 2 en realisant une cardiofrequencemetrie (CFM) sur 24 heures. En effet, il existe une relation lineaire individuelle entre la VO 2 et la F C pour des valeurs comprises entre 15 et 85 % de la VO 2 pic. L’enregistrement de la F C sur 24 heures permettra d’en deduire la F C de repos de reference (FCR) (mediane des F C obtenues pendant 6 heures de sommeil a laquelle on ajoute 15 bpm correspondants au passage de la position allongee a la position debout), le cout cardiaque absolu (CCA) (CCA = F C moyenne–FCR) et le cout cardiaque relatif (CCR) (CCR = [CCA/(F C max–FCR)] × 100, ou F C max = 207–0,7 × âge [2] . Differentes grilles permettent de graduer le CCR en indice de penibilite de « tres leger » a « trop intense » (de Chamoux, de Frimat ou de Meunier) selon la definition que l’on donne a la FCR. La valeur seuil admissible au travail correspond a 33 % de la VO 2 pic soit un CCR de 30 %.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    2
    References
    1
    Citations
    NaN
    KQI
    []